Le Garçon et le Héron: Le dernier voyage d’Hayao Miyazaki ?

Ceux qui cherchent à comprendre périront…

Bon .. OK, je ne prends pas de risque en annonçant que le maître de l’animation japonaise n’en était pas à son dernier coup de génie ; mais attendez, est-ce que réellement Hayao Miyazaki a jamais été à la retraite ??! Il l’annonce depuis tellement longtemps (40 ans maintenant) que c’est à moitié agréablement surpris que j’ai entendu parler de ce dernier film.

La seule chose un tant soit peu énigmatique autour de cet opus est l’absence totale de communication de la part du studio Ghibli. Pourquoi un tel manque de communication autour de ce dernier film ? Que vaut-il ? Quel est son message ?

Ce que j’en dis…

Le Garçon et le Héron (君たちはどう生きるか, Kimi-tachi wa dō ikiru ka?) est un film d’animation du Studio Ghibli réalisé par Hayao Miyazaki, sorti le 14 juillet 2023 au Japon et le 1ᵉʳ novembre 2023 dans nos salles en France.

La violence du Deuil.

Kimi-tachi wa dō ikiru ka? est le nom original du film, information importante, car Miyazaki tire son inspiration ainsi que son titre original japonais du roman de Genzaburō Yoshino, Et vous, comment vivrez-vous ? paru en 1937.

Le récit est présenté sous forme de voyage initiatique, structure assez classique dans un film Ghibli. Ce qui m’a frappé cependant à première vue, c’est la première scène du film, brutale, comme jamais auparavant dans un film d’Hayao Miyazaki et qui nous amène au premier thème principal de ce film, qui est la perte d’un être cher, et la façon dont l’humain traite ces sentiments brutaux.

Le film peut faire peur à juste titre : la densité de celui-ci, l’enchainement des plans pourraient rebuter certains, dont des néophytes qui découvriraient l’univers créatif du maître japonais, pourtant, en ce qui me concerne, je ne l’ai jamais perçu comme un défaut dans le cheminement, car on identifie facilement la portée de son message avec des thèmes puissants et caractéristiques de Miyazaki comme le deuil mentionné plus haut, la nécessité de la spiritualité, le besoin fondamental d’être lié à la nature qui nous entoure, l’immuable course du temps et les changements que cela engendre ainsi que la nécessité de ne jamais cesser d’imaginer et de créer.

Autobiographie et intimiste

Il s’agit là du film le plus intime d’Hayao Miyazaki, très poignant ; tant par la vulnérabilité avouée de son créateur, que par les différents états des protagonistes de ce film. On repèrera vite les points communs entre le roman de Yoshino et la genèse/enfance du réalisateur pendant la seconde guerre mondiale. Les similitudes entre les personnages, le protagoniste Mahito qui est en quelque sorte une jeune représentation de Miyazaki et le grand-Oncle, maître du monde alternatif qui cherche un successeur pour garder l’équilibre ou l’intrigue prendra place rapidement.

Comment ne pas faire le parallèle avec les 80 printemps du maître qui cherche naturellement un successeur pour le futur de son studio légendaire ?

Hayao, on t’a reconnu mon reuf

Notre cher héron cendré, un des personnages qui deviendra rapidement principal est un être mi-humain-mi-oiseau, cupide, doté d’une certaine malice sous sa forme animale, mais se révélant doté de bienveillance et une véritable aide pour le protagoniste au fur et à mesure qu’avance le film, sous sa forme humaine. J’en ai vu une représentation de la versatilité de l’être humain, à la fois bienveillant et capable de grande prouesse et à la fois capable d’avarice et d’égoïsme, ce qui engendre les difficultés relationnelles que nous connaissons.

Le bien symbolique héron cendré

Cette symbolique, on la retrouve également dans d’autres personnages tels que le roi des perruches prêt à écraser toutes les autres espèces d’oiseaux pour la survie de la sienne. On le remarquera vite dans le film : c’est la chaîne alimentaire, chaque espèce se chasse et s’extermine entre eux.

J’en ai vu à la fois une constatation d’un monde à l’agonie de la part de Miyazaki et une acceptation de cette triste situation représentée à la fin par le refus de Mihato de rester dans le monde imaginaire et de retourner dans le monde normal, provocant ainsi la destruction de celui-ci. La question qui m’est immédiatement venue à l’esprit : est-ce un parallèle à la réalité ? Est-ce la fin du studio, est-ce une résignation de la part de Miyazaki, le testament d’une carrière légendaire ? Ou l’analyse d’une société en déclin, d’un vieil homme, d’un autre temps, qui souhaite passer un grand message aux générations futures ?

Je pense simplement que c’est un peu un mélange de tout ça.

L’aspect biographique me ramène à la carrière du monsieur et de la position actuelle du studio, ainsi que le processus de création, amené à disparaître sans héritier, qui est symbolisé par la fragilité de l’équilibre des pierres, mais également de la fragilité actuelle d’une société qui semble aller vers la fin d’un cycle.

Ce que parait nous dire Miyazaki dans ce film et ce qui parait le plus important : ceux qui cherchent à comprendre périront ; l’importance de notre voyage et de ce que nous ferons, nos choix, sont ce qui compte le plus.

Arigato Miyazaki sensei pour le voyage. J’espère vous revoir encore, et si ce n’est pas le cas, vous manquerez à tous ceux qui considèrent la philosophie nippone comme un art.

La suite en détail sur YouTube…

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