J’ai fait un pas de côté, délaissé cette Pile à Lire qui porte définitivement bien son nom pour m’adonner le temps de quelques pages à une lecture dont je savais qu’elle n’allait pas m’éloigner de ma zone de confort mais plutôt m’offrir un répit en territoire connu.
Parce que pour moi, lire Brussolo, c’est renouer avec un auteur prolifique dont j’ai déjà lu des dizaines d’ouvrages et dont je ne me lasse jamais.
Or, La Forêt des silences attendait son tour depuis trop longtemps – 2 ans déjà – dans cette petite étagère qui abrite MA Pile à Lire, tout à fait indépendante des services de presse. Des livres que j’ai choisis, achetés souvent, reçus, trouvés… et qui attendent que je m’en saisisse.
Je me suis saisis d’un Brussolo parce que je sais que ça me fait toujours du bien.

Le résumé
On l’appelle la forêt des silences.
On n’y entend ni chants d’oiseaux ni cris d’animaux, car c’est une forêt où prolifèrent poisons et plantes toxiques. Une forêt où jadis le marginaux se cachaient pour fuir leurs persécuteurs.
Plus tard, un fameux juge expert en pendaisons transforma ces arbres séculaires en autant de potences. Les gens de cette contrée perdue du Texas le vénèrent encore comme une idole.
Aujourd’hui elle sert de rempart à une communauté armée jusqu’aux dents, vivant dans l’attente – et l’espoir – d’une inévitable guerre civile. Une communauté étrange au fort potentiel d’agressivité ! C’est là que Naomi, jeune documentaliste, est expédiée par son patron pour enquêter sur la disparition inexpliquée d’un célèbre journaliste d’investigation.
Ce que j’en dis…
Pas de surprise de taille : c’est du Brussolo pur jus.
Des personnages déjantés, désenchantés, désargentés, des marginaux, qui peuplent un village coupé du monde, une population sectaire et potentiellement dangereuse mais recluse à l’abri d’une forêt pour le moins inhospitalière… Une jeune journaliste qui vient comme se jeter en pâture à cette horde frappée par la consanguinité.
Une ambiance paranoïde, des protagonistes au passé douteux, un brin de complotisme et ce jeu trouble qui mêle superstition et supercherie, voilà les ingrédients imparables qui habillent la grande majorité des publications de Serge Brussolo.
La forêt des silences ne dépareille pas sous ce rapport et pourtant ce livre possède un petit quelque chose en moins qui lui donne quelque chose en plus.
Souvent chez cet auteur les intrigues sont tentaculaires, partent dans tous les sens. Entre l’histoire des première pages et celle des dernières il y a comme un gouffre, voire plusieurs, et j’avoue que cela possède son charme.
Mais il écrit aussi parfois des choses plus disciplinées, plus harmonieuses si l’on peut dire. Des romans qui seraient construits sur la base d’un plan solide et pas un bazar qui se disloque effroyablement au fil des pages, créant un plaisir troublant.
Vous aurez sans doute deviné que La forêt des silences trouve plutôt sa place dans le seconde catégorie. Certes, l’histoire est délirante mais il y a toutefois une forme d’unité dans la construction qui conduit le lecteur à ne pas perdre le fil en dépit des inévitables surprises et autres retournements de situation.
Du Brussolo accessible donc, qui aura parfaitement comblé mes attentes de lecteur assidu à son œuvre.
La forêt des silences, de Serge Brussolo, est édité par H&O éditions.
Le livre format poche de 255 pages est vendu 6,90€.
Paru le 8 janvier 2022.
