Le Sud-Ouest avait déjà ses fromages et ses vins d’appellation d’origine contrôlée, il a désormais également sa littérature grâce à la collection Du Noir au Sud des éditions Cairn.
Découverte inédite et puissant coup de coeur avec le premier titre que j’ai le privilège de lire, tiré de cette collection prometteuse, La cuenta, de Frédéric Villar.

Le résumé
S’il s’écoutait, Thomas lâcherait bien la rampe, mais il a promis à Mona de veiller sur sa fille, c’était juste avant qu’elle ne meure – l’ennui, c’est que la gamine en question débloque et pas qu’un peu.
Survient la rencontre avec Tito, un vieux fou qui semble en savoir long sur les parents de Thomas, pour lui d’obscurs inconnus – la leçon de généalogie débute, elle sera douloureuse.
Dès lors, la vie va se comporter avec Thomas comme une chienne de combat, ne desserrant les crocs que pour mieux le mordre ailleurs. De quoi le rendre impitoyable à son tour. Alors il va faire en sorte de bien s’entourer pour retrouver les vilains et leur présenter… la cuenta.
Avec La cuenta et sur un tempo rock, Frédéric Villar nous embarque pour une trajectoire chaotique allant d’un bar clandestin de Bordeaux à d’autres lieux non moins underground de Madrid… en passant par un EHPAD, par des virées à moto, par un écho dans une maison vide, par la musique encore, par la nuit, par le tourment, par la rage.
Ce que j’en dis…
La première chose c’est cette couverture, très belle, en noir et blanc mais où le noir l’emporte.
Identifie-t-on ce tatoué fumant au regard si pénétrant à Frédéric Villar, au Thomas du récit ou à l’étrange Tito ? A moins qu’il ne s’agisse de quelque artiste de rock underground …
Peu importe, tout peu coller, et surtout la couverture plonge immédiatement le lecteur dans l’ambiance : sombre et pesante à souhait. Amateurs de littérature feel good, passez votre chemin…
J’ai immédiatement adhéré au récit, aux personnages, à ce Thomas plus désemparé que vraiment paumé, à son ami le Cube qui m’est apparu sous les traits du regretté François Hadji-Lazaro pogotant sur le Concerto pour détraqués des Bérus autant que son surpoids le lui permet, lentement mais redoutablement.
L’auteur explore les strates de la culture suburbaine d’une métropole bordelaise aux contours si lisses en apparence, si rugueuse sous la surface. Ce roman noir sent le vécu et le tabac froid, il côtoie une certaine forme de folie qu’on n’enferme pas mais qu’on supporte au quotidien au nom de l’amour souvent, de la lassitude parfois, de nos propres errances psychologiques s’il est possible de se l’avouer…
La cuenta* est salée comme une assiette de tapas, sombre comme un bol de chipirons préparés par Amatxi, mais l’amateur(trice) se lèche les doigts et en demande encore.
La vendetta dont le roman fait l’objet n’est pas un prétexte à l’action, elle est une nécessité impérieuse, une obligation morale, une raison de continuer à survivre dans un monde qui va trop vite vers sa chute, où l’on ne se reconnait plus depuis longtemps déjà et qu’il convient de fuir par tous les moyens. Mais pas sans y avoir foutu le feu avant de quitter la scène.
Mention spéciale pour la playlist page 296 que j’écoute en rédigeant cette chronique.
Spotify y a accolé une reprise de Redemption Song de Bob Marley interprétée par Johnny Cash et Joe Strummer : je valide.
*L’addition en espagnol.
L’auteur

D’origine espagnole, Frédéric Villar est né en 1960. Il vit et travaille à Bordeaux. Depuis 2002, il a tour à tour publié des nouvelles, des novellas, des romans ayant pour thème l’exil, la nuit, l’impermanence… Il a aussi écrit sur le rugby, qu’il a longtemps vécu de l’intérieur, et sur son univers. Il se consacre désormais au roman noir.
Dans la collection Du Noir au Sud il a publié en 2022 Eden Pax.
La cuenta, de Frédéric Villar est édité par Cairn.
Le livre broché de 304 pages est vendu 12,50€.
Paru le 1er février 2024.

Merci je ne connaissais pas ce roman qui semble t’avoir plu. Bh
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Désolée, Bh est une mauvaise manipulation.
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Dommage, Bh, j’aimais bien ☺️
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