L’été, tous les chats s’ennuient de Philippe Georget

Dans le monde de la littérature, et dans celui, plus petit, du polar, il y a des valeurs sûres. Des auteurs à qui l’on doit des romans qui font ou feront partie des classiques.

Malheureusement, le monde de l’édition quant à lui ignore parfois ces romans remarquables qui sombrent dans l’oubli parce que la publication originale n’est plus réimprimée ou rééditée.

C’est ce qui aurait pu arriver à L’été, tous les chats s’ennuient de Philippe Georget.

Initialement publié par Jigal en 2009, il reçut le Prix SNCF du Polar en 2011. Il sortit plus tard en poche (Pocket, 2012).

Cairn a eu l’excellente idée, en avril 2024, de rééditer cet excellent roman policier dans la collection Du Noir au Sud.

Le résumé

Une jeune touriste hollandaise est retrouvée morte sur une plage d’Argelès. Une autre disparait mystérieusement et une troisième est agressée dans les rues de Perpignan. Ces trois affaires sont-elles liées ? Gilles Sebag, lieutenant de police, en doute mais…

L’été, tous les chats s’ennuient est la première aventure de Gilles Sebag, un flic intuitif, lassé cependant de la routine de son métier et qui n’hésite pas à s’échapper pour courir sur les sentiers du pays catalan ou pour rentrer chez lui s’occuper, en papa-poule, de ses enfants.

Ce que j’en dis…

Précisons d’emblée que ce polar est un petit pavé de quelques 545 pages. Et pourtant elles se laissent lire très rapidement.

Le lieutenant Gilles Sebag est vraiment l’opposé du flic archétypique des polars : c’est un fonctionnaire qui est lassé de son boulot à tel point qu’il a opté pour un temps partiel afin de pouvoir consacrer plus de temps à sa famille.

On est loin du super-héros !

Néanmoins, il est épris de justice et une fois qu’il a un vilain dans le collimateur il ne lâche rien jusqu’à ce qu’il lui mette la main dessus.

L’été, tous les chats s’ennuient échappe donc à la norme, tout en respectant les codes du polar.

Une prouesse que j’ai particulièrement appréciée : Philippe Georget parvient à faire en sorte que l’enquête piétine sans que le lecteur ait l’impression que l’histoire n’avance pas. On adopte naturellement le rythme de Gilles Sebag. On prend le temps de la réflexion. Pas seulement en ce qui concerne l’enquête d’ailleurs mais aussi sur d’autres sujets.

La famille, par exemple, tient une place centrale dans le roman. Les enfants, leur éloignement progressif et inexorable au fil du temps. Doit-il en être de même au sein du couple ? Est-il impossible de résister à l’érosion des sentiments amoureux ? Et si tel est le cas, la jalousie constitue-t-elle un rempart ou un poison ?

Je me suis laissé délicieusement porter par cet excellent roman, terriblement efficace, prenant jusqu’à la fin malgré le fait que l’action n’est pas un fil conducteur. Pas de course-poursuite, de fusillade ou de bagarre à toutes les pages. Et c’est tant mieux. On cogite avec Sebag, on s’émeut avec lui et arrivé au terme de ce premier épisode des aventures du lieutenant de police perpignanais on en redemande.

Vivement la suite !

L’auteur

Né en 1063, Philippe Georget s’oriente, après des études d’Histoire, vers le journalisme. Il travaille aujourd’hui à France pays catalan à Perpignan.

En 2009, il publie son premier roman policier, L’été tous les chats s’ennuient. C’est dans le pays catalan qu’il situe la plupart de ses polars, même s’il s’échappe de temps en temps vers d’autres contrées, Paris et les Buttes-Chaumont (Le Paradoxe du cerf-volant), la Jordanie (Tendre comme les pierres) ou encore une île imaginaire (Amère Méditerranée).

Ses romans sont traduits aux Etats-Unis, en Italie et en Allemagne.

L’été, tous les chats s’ennuient, de Philippe Georget est édité par Cairn.
Le livre broché de 545 pages est vendu 14,50€.
Paru le 8 avril 2024.

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