Beckenbauer, de Christophe Neyrinck

Les Editions Vendeurs de Mots prennent un virage important avec Beckenbauer.

Laurent Cappe, auteur et éditeur, utilisait auparavant cette jeune maison d’édition pour publier ses propres écrits.

Après 5 livres édités (deux pièces de théâtre et trois romans), cet amoureux de la littérature a pris la décision de passer à la vitesse supérieure en éditant un autre auteur, Christophe Neyrinck.

Le résumé

– Qu’est-ce qu’elle a ta mère ?

– Alzheimer… ? Hölzenbein ? Ou Beckenbauer alors ? Je ne sais plus, un joueur de foot allemand en tous cas.

Paul esquive. Contourne. Paul fuit. La maladie de sa mère, sa région, il cherche refuge dans l’humour caustique et les regards décapants, mais ne fait que retarder l’inéluctable : un jour ou l’autre, il faudra se confronter au souvenir d’une mère qui se confond désormais avec la maladie qui l’efface du monde.

Beckenbauer est constitué de bribes de souvenirs, d’instantanés de vie, de réflexions, d’aveux semés comme autant de petits cailloux blancs sur le chemin de la rédemption du personnage. Avec humour et sensibilité, Christophe Neyrinck nous embarque dans un roman gorgé d’humanité. Poignant et salutaire.

Ce que j’en dis…

Laurent Cappe a su faire abstraction de son propre travail d’auteur en optant pour un roman qui ne ressemble pas à ceux qu’il a écrits.

Certes, Christophe Neyrinck est lui aussi, visiblement, un humaniste de la plus belle espèce. Il est de ces auteurs humbles qui se dévoilent en même temps qu’ils se dissimulent en mêlant fiction et réalité.

Avouons qu’il est difficile de faire autrement lorsqu’on traite de la cruelle maladie d’Alzheimer, maquillée ici en joueur de foot talentueux. Si on ne la connait pas de près on est certain de raconter n’importe quoi. Si on la raconte telle qu’elle est, sans romancer, sa description est juste insupportable.

Beckenbauer est à la bonne distance des deux : véridique et agréable. Le lecteur porte un œil attendri sur ce fils qui ne sait plus voir sa mère derrière le masque de la maladie. Un homme qui a perdu son père dans la mort et perd sa mère de son vivant. Le frère d’une sœur qu’il voir ployer sous la charger sans se sentir capable de l’épauler.

Le style m’a fait penser à celui de Jean-Louis Fournier (Où on va papa ? Stock, 2008, prix Femina, entre autres). Des chapitres courts, voire très courts, dans lesquels l’humour caustique le dispute à la tendresse et où la sincérité flirte avec la pudeur.

C’est beau, c’est émouvant, c’est important.

Pour Christophe Neyrinck c’est un premier roman, pour son éditeur aussi, dans une certaine mesure. Tous les deux méritent d’être lus et reconnus.

L’auteur

Christophe Neyrinck est né et a grandi à Boulogne sur mer, dans le Pas-de-Calais.

Il enseigne et vit aujourd’hui à Nice.

Passionné de littérature anglo-saxonne, il s’est longtemps consacré à l’écriture de textes de chansons avant de se lancer dans la grande aventure.

Beckenbauer est son premier roman.

Beckenbauer, de Christophe Neyrinck est publié par les Editions Vendeurs de Mots.
Le livre broché de 200 pages est vendu 15€.
Paru le 29 mai 2024.

Laisser un commentaire