Ce bouquin est pratiquement une lecture accidentelle. J’ai toujours une grosse pile de services de presse à lire et je suis parti en vacances pour une semaine avec quatre ou cinq livres dans ma valise.
Mais sur place, je suis allé au supermarché sans rien à lire avec moi. Et comme l’activité consistant à faire les courses dans un grand magasin m’insupporte royalement, j’ai décidé d’attendre ma chère épouse et mes amis dans la voiture. Je suis donc passé par le rayon livres pour ne pas attendre en jouant bêtement sur mon téléphone portable, ou pire, en scrollant sur les réseaux sociaux.
J’ai feuilleté deux, trois (beaucoup plus en réalité) bouquins et Éteindre la lune de William Boyle est celui que j’ai choisi.

Le résumé
Bobby, quatorze ans, s’amuse à lancer des cailloux sur des voitures. L’un deux touche une conductrice qui perd le contrôle de son véhicule et meurt dans l’accident. Elle avait dix-huit ans et était la fille de Jack, un redresseur de torts mandaté par les gens modestes de son quartier pour intimider les escrocs et autres sales types. Quelques années plus tard, Jack s’inscrit à un atelier d’écriture dans l’espoir d’exorciser sa douleur et noue avec la jeune femme qui l’anime, Lilly, une relation quasi filiale. Mais il se trouve que le hasard des familles recomposées fait d’elle l’ex belle-sœur d’un Bobby qui n’a rien perdu de sa capacité à s’attirer des ennuis.
Ce que j’en dis…
Il y a certainement des tas de choses plus exaltantes que lire un livre de poche sur le parking d’un supermarché et pourtant j’ai vraiment bien apprécié ce moment et les quelques dizaines de pages que la nonchalance de mes compagnons m’avait permis de lire. Notons que si j’ai piqué du nez un certain nombre de fois durant ma lecture c’est plus à cause d’une sorte de fatigue chronique qui ne me lâche plus depuis un certain temps (Covid long ?) que parce que le texte manquait d’intérêt.
Je n’ai pas lu l’intégralité du roman derrière le volant, il m’a aussi accompagné pendant d’agréables plages de farniente et ce fut, parmi d’autres, le livre de mes vacances.
L’histoire est plutôt sombre, presque sordide. Elle raconte l’entreprise douloureuse qui consiste à essayer de bâtir une vie agréable quand le milieu, l’époque, la famille et un hasard aveugle mais particulièrement cruel nous en empêche.
Tous les personnages sont des victimes d’un passé pénible qui déborde inexorablement sur un présent qui a du mal à être. Des existences chaotiques dans lesquelles on essaye d’inviter l’amour, la paix et la quiétude mais cela semble impossible.
Bobby, en particulier, semble incapable de faire des choix raisonnables et lorsqu’il parvient enfin, peut-être, à mettre en place quelque chose de viable, ses mauvais instincts prennent le dessus et il fait tout sauf ce qu’il faudrait.
On a l’impression que le sort s’acharne mais c’est plus que cela, peut-être une époque où le bonheur est de plus en plus chimérique, peut-être un milieu plus difficile que les autres, cette Amérique en souffrance qui ne sait plus vers où tendre le regard pour trouver une lueur d’espoir à l’horizon.
Une lecture prenante, émouvante et très plaisante. Un très bon roman de vacances donc.
L’auteur

William Boyle est né et a grandi dans le quartier populaire de Gravesend, à Brooklyn, où il a exercé le métier de disquaire spécialisé dans le rock américain indépendant. Il vit aujourd’hui à Oxford, dans le Mississipi. Dès la publication de son premier roman, Gravesend (Rivages/noir, 2016) par François Guérif, il est repéré comme une étoile montante du roman noir américain. Livre après livre, il tisse la chronique de Gravesend, et de ses habitants « aux vies minuscules vécues sur la corde raide. »
Éteindre la lune, de William Boyle est publié par Gallmeister dans la collection Totem.
Le livre de poche de 400 pages est vendu 11,50€.
Paru le 29 août 2024.
