Pour tout dire, je ne suis pas trop familiarisée avec ce genre littéraire et c’est à première vue le titre de l’ouvrage ainsi que l’illustration de couverture qui m’ont séduite.
En revanche, l’astrophysique fait partie des domaines qui m’ont toujours fascinée et tout particulièrement le débat autour de la nature de la lumière.
Pour son premier roman, l’auteur et traducteur québécois Francis Guévremont choisit le registre de la science-fiction avec ce titre évocateur, Le paradoxe de la lumière.

Résumé
Le laboratoire de Judith Durancy a disparu…et Judith avec. Son mari Daniel ne trouve aucune explication à cet étrange incident, mais surtout, il se rend compte qu’il n’a aucune idée de ce sur quoi elle travaillait.
Après avoir appelé les secours, c’est une agente du Renseignement qui se présente à leur domicile. Daniel trouve le journal intime de Judith, qu’il décide de garder pour lui. Il doit se confronter à la double vie de sa femme, au néant laissé par sa disparition et faire face aux secrets que cet incident a dévoilés. Il découvrira alors que Judith a inventé un appareil qui pourrait bouleverser l’avenir de l’humanité.
Ce que j’en dis…
En préambule, un verset du livre de Judith en lien avec un épisode du passé du peuple juif, propos énigmatiques, certes sortis de leur contexte, mais en l’occurrence, ce choix s’avère plutôt judicieux.
L’histoire se déroule en France dans un cadre campagnard. Nous sommes dans les années 2050. A l’échelle du temps cosmique, c’est pour ainsi dire aujourd’hui ! D’ailleurs, le quotidien des personnages s’apparente au nôtre, si ce n’est une situation politique inédite : un État français où la laïcité est érigée en loi autrement plus radicale que celle de 1905, puisque toutes les religions sont interdites… Situation qu’on pourrait imaginer s’être étendue à plus d’une nation tant les religions ont généré de conflits tout au long de l’Histoire !
Ce court roman de près de 200 pages, lu en deux soirées, traite tout autant et sinon plus des relations dans le couple et dans la famille. On se prend à avoir de la peine pour Daniel, époux désemparé suite au décès brutal et mystérieux de Judith, physicienne dont il ignorait tout des travaux. Celle-ci s’est littéralement volatilisée avec son labo situé au-dessus des écuries dans le jardin de leur propriété retirée. J’imagine que les vrais amateurs de SF trouveront cela, si j’ose dire, un peu léger !
À la lecture du journal de sa femme, sorte de testament, c’est avec une certaine tristesse mêlée d’amertume que Daniel découvre à quel point il méconnaissait ses activités. Une distance s’était subrepticement installée entre eux, les habitudes ayant pris le pas sur leur complicité et leurs intérêts communs, là rien de nouveau sous le soleil… D’ailleurs lorsque Ariane, leur fille aînée, lui avoue avoir été au courant des activités de sa mère, on sent poindre un sentiment de jalousie voire d’agacement quand bien même il reconnaît p. 93 : “ De toute façon, on ne se parle presque jamais, toi et moi, parce que je laissais toujours ta mère me dire comment vous alliez, ta sœur et toi.”
Toute défunte qu’elle est, Judith reste néanmoins le sujet principal et le lien entre ce père distant qui, visiblement ne s’est pas beaucoup intéressé à sa famille et qui le déplore à présent. Ce sont leurs deux filles Ariane et Hélène aidée d’une amie de l’une d’elles, Sarah, qui vont se mobiliser pour percer le mystère de sa disparition, mais à quel prix !…
Francis Guévrement fait la part belle à la place des femmes dans la recherche scientifique et je n’ai pu m’empêcher de penser au cas de Jocelyn Bell, astrophysicienne britannique,découvreuse des pulsars et injustement oubliée puisque c’est son directeur de thèse qui obtint le prix Nobel. Cette chercheuse infatigable, quant à elle, a été dotée d’autres prix prestigieux dont elle a consacré les montants au profit de travaux de thèse de ses consoeurs ainsi que des minorités…
Le style est fluide, l’intrigue est bien ficelée quoique prévisible et parsemée de dialogues comme p.159 où Sarah, grâce à ses connaissances scientifiques, tente d’expliquer aux deux sœurs ce qui est arrivé à leur mère.
Un premier roman, somme toute assez réussi.
Le paradoxe de la lumière, de Francis Guévremont, est publié par les éditions Aux Forges de Vulcain.
Le livre broché de 192 pages est vendu 20€.
Paru le 27 septembre 2024.
