Renaud Czarnes attrape le capitalisme par la cravate, le secoue comme un vieux shaker, et en fait jaillir une triple histoire d’amour : la première, toxique, entre un quadra et l’entreprise qui l’emploie ; la seconde, électrique, avec une femme qui ne lui ressemble pas ; la troisième, inattendue, avec un nouvel hobby qui fait transpirer les doigts autant que le cœur.
318 pages de métal littéraire : pas un fill-in superflu, chaque chapitre est un riff lourd et précis, faisant trembler les flex offices jusqu’aux fondations. Le roman cogne, critique, questionne ; il se moque de la langue désincarnée et du franglais managérial comme d’un solo raté coupé net par la réalité.
Les phrases font mouche en rafale :
« Ce genre de réunions sont comme une première douche à Fleury-Mérogis : soit ça se passe bien, soit ça se passera toujours mal. »
À ce rythme-là, si on surlignait chaque réplique assassine, il finirait par ressembler à un livre de coloriage.
Un chant clair contre les mensonges en entreprise — et d’abord contre ceux qu’on se raconte à soi-même. Tout au long du roman, les oreilles des RH sifflent autant que celles de l’auteur en sortie de concert ; c’est un grand plaisir.

À glisser dans la main de tout collègue qui rêve de poser sa démission, et à relire chaque fois que la réalité se met à singer la fiction un peu trop bien.
L’épaisseur du trait est disponible contre 24€ aux éditions Héliopoles.
Merci à Jean-Yves pour le cadeau, et à Renaud pour la dédicace.

