Les déracinés, de Catherine Bardon

Le dernier roman du cycle saga familiale sous la houlette de la bibliothèque Salvator de Mulhouse dans le cadre du club de lecture rdv p.17.

(Bon, en vrai il y avait aussi Mille femmes blanches de Jim Fergus, mais comme je l’avais déjà lu par le passé, j’avais déjà un avis positif sur le livre et je ne l’ai pas relu).

Par contre je ne connaissais pas du tout la tétralogie de Catherine Bardon et j’ai donc attaqué avec plaisir – et une certaine dose de culpabilité liée à la taille de ma PAL (ou Pile à Lire, non, tout le monde ne le sait pas) – ce petit pavé d’un peu plus de 600 pages.

Le résumé

Vienne, 1932. Au milieu du joyeux tumulte des cafés, Wilhelm, journaliste, rencontre Almah, libre et radieuse. Mais la montée de l’antisémitisme vient assombrir leur idylle. Au bout de quelques années, ils n’auront plus le choix ; les voilà condamnés à l’exil.

Commence alors une longue errance de pays en pays, d’illusions en désillusions. Jusqu’à ce qu’on leur fasse une proposition inattendue : fonder une colonie en République dominicaine. En effet, le dictateur local a offert cent mille visas à des Juifs venus du Reich.

Là, au milieu de la jungle brûlante, tout est à construire : leur ville, leur vie.

Fondée sur des faits réels, cette fresque au souffle admirable révèle un pan méconnu de notre histoire. Elle dépeint le sort des êtres pris dans les turbulences du temps, la perte des rêves de jeunesse, la douleur de l’exil et la quête des racines.

Ce que j’en dis…

En dépit du fait que ce soit un pavé, le premier d’un tétralogie de plus de deux milles pages, j’ai beaucoup aimé découvrir cette belle saga familiale.

Les premiers chapitres m’ont touché par leur esthétisme proche de la plume de Stefan Zweig dont il est d’ailleurs fait mention de nombreuses fois tout au long de l’ouvrage puisque Wilhelm en est un admirateur. On y retrouve le vie agréable et foisonnante de culture de la capitale autrichienne du début du XXème siècle.

Puis cette vague nazie à laquelle on offre au commencement qu’un certain déni de masse grossit jusqu’à devenir une déferlante de mort à laquelle seul l’exil permet d’échapper.

Choix par défaut après d’infructueux essais, la République dominicaine de Trujillo offre la possibilité de participer à la fondation d’un kibboutz à Wilhelm, Almah et d’autres Juifs autrichiens qui optent logiquement pour la survie.

Les déracinés est un livre aux chapitres courts qui offre au lecteur (ou à la lectrice, bien entendu) une belle palette de pensées, de réflexions et de sentiments. De l’amour à l’espoir en passant par le deuil et la peur, Catherine Bardon (dont j’ignore si la question juive la concerne au premier plan) permet aussi de situer la colonisation juive en Palestine et la création de l’état d’Israël dans le contexte des années de la deuxième guerre mondiale.

L’autrice éveille aussi en nous ce désir d’ailleurs, ce rêve de nouveau départ dans d’autres conditions, sous d’autres tropiques et sous d’autres tropismes. Trujillo n’est pas Hitler mais une dictature est une dictature.

Encore un livre qui n’a pas besoin de conquérir un lectorat déjà à ses pieds mais je n’ai pas voulu résister au désir de partager le plaisir de lecture qu’il m’aura distillé au cours des jours passés.

Les déracinés, de Catherine Bardon est édité par Les Escales.
Le livre broché est vendu 21,90€.
Paru le 3 mai 2018.

Si vous voulez lire la suite :

  • tome 2 : L’Américaine
  • tome 3 : Et la vie reprit son cours
  • tome 4 : Un invincible été

3 commentaires

  1. Hello Christophe, je partage ton avis sur cet ouvrage que j’ai lu à sa sortie. Certes Trujillo n’égalait pas Hitler quant à l’ampleur des crimes mais le personnage était tout aussi abject selon la description qu’en fait Mario Vargas Llosa dans « La fête au bouc » ! Je le tiens à ta disposition, si ta PAL venait à baisser… 😄

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