De la pluie et des papillons

Lorsque je vois les avis des uns et des autres dans les commentaires sur YouTube et ailleurs sur le Web, je m’aperçois que les Européens, pour ne pas dire les Français, ont une vision très caricaturale de l’Inde.

« C’est un pays pauvre et sale, où l’on tue les filles à la naissance et où on boit de l’urine de vache. »

J’ai pu lire ces mots de la plume d’un internaute qui avait passé une semaine en Inde. Je suppose qu’il était en vacances à l’hôtel et qu’il n’a jamais pu faire l’expérience de ces choses par lui-même.

On pourrait au même titre dire de la France que « c’est un pays colonialiste et raciste où les gens ne se lavent pas, font violer leurs enfants dans les églises et mangent des escargots. »

Dans les deux cas, la caricature est basée sur des faits existants mais déformés et qui ne résument en rien l’identité culturelle du pays en question.

Moi qui suis en Inde depuis maintenant 7 semaines, et pas à l’hôtel, j’ai envie de parler de deux spécificités que j’ai remarquées ici, qui me vont droit au cœur parce qu’elles me rappellent des choses qui existaient dans mon enfance et qui, je ne sais pas pourquoi, ont presque disparu de ma vie.

De la pluie

Lorsque j’étais petit, enfant, la pluie m’impressionnait beaucoup.

Nuage d’orage flippant

L’apparence des nuages, comme celui-ci, le grondement du tonnerre, la brusque lumière éclatante des éclairs et le fracas des trombes d’eau qui s’abattaient jusqu’au sol m’emplissaient d’une terreur muette.

En grandissant, cela à laissé place à un simple constat : »Il pleut« , blasé et presque déçu. On préfère quand il ne pleut pas.

Depuis que je suis en Inde, il a plus deux fois. La dernière fois c’était cette nuit.

C’est avec bonheur que j’ai retrouvé les orages de mon enfance : le tonnerre qui gronde comme une bête tapie dans l’ombre épaisse des nuages lourds et menaçants, les éclairs qui font sursauter, éblouissants dans les ténèbres d’un ciel où le soleil n’est plus, les rafales de vents qui font plier les arbres et se déverser presque à l’horizontale des tonnes de pluie qui deviennent des torrents boueux dès qu’elles touchent le sol.

J’hésitais entre rester tapi dans mon lit et aller à la porte profiter du spectacle, faisant les deux, surgissant de mon lit pour courir à la porte et retournant vite me réfugier dans la chambre après le fracas d’un éclair qui semblait pouvoir entrer dans la maison si je gardais la porte ouverte plus longtemps.

L’espace de deux orages, j’avais 5 ans de nouveau.

Des papillons

Depuis plusieurs années, je suis presque surpris de voir encore en France des papillons. On dirait qu’ils ont vraiment déserté nos villes. Certains objecteront peut-être qu’il n’y a rien d’anormal à cela puisque j’habite en ville.

Je leur répondrais que j’ai toujours habité en ville. J’ai passé le plus clair de mon enfance en Seine-Saint-Denis et j’en garde le souvenir d’étés pleins de papillons de toutes sortes. Des jaunes, des bleus, des multicolores. Ils voletaient, légers, dans l’air brûlant des mois de juin à août. Puis j’ai grandi et les papillons s’en sont allés hors de ma vie, avec les orages effrayants.

Je les ai retrouvés ici.

Cirrochroa thais

Tous les jours, j’ai le loisir et le plaisir d’observer de merveilleux papillons aux couleurs magnifiques se poursuivre joyeusement dans de splendides rondes aériennes, insaisissables merveilles que l’on rêve de voir venir se poser sur cette main que l’on tend avec espoir et innocence. « Viens, viens s’il te plait… »

Le papillon ne vient pas se poser sur la main tendue mais, le cœur gonflé de bonheur, on le remercie de simplement accepter d’exister à notre proximité.

L’Inde, c’est aussi cela.

12 commentaires

  1. Wahou cet article est magnifique. On est transportés entre ton enfance et ta vie présente. Bravo et merci de nous faire découvrir les choses !

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  2. Merci de s attarder sur les beautés de la création plutôt que sur les mauvaises choses faites par certains humains.
    Partout il y a des merveilles à voir lorsque nous prenons le temps de nous arrêter et d ouvrir notre cœur et notre esprit.

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  3. Merci pour ce joli partage ❤ ça m'a fait rêver un instant avec tous ces merveilleux papillons🦋
    Et merci aussi de nous parler de ce grand pays qui évoque chez moi, une immense variété de couleurs et d'épices !!!
    Continuer d'apprécier ce qu'offre chaque instant permet de ne pas voir le temps passé !
    Au plaisir de vous revoir bientôt ! Comme tous mes chers frères et sœurs, vous me manquez. Courage…
    Bises à vous deux 👋

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  4. Viens vivre en Inde !
    Non, je comprends ça Tim, mais ici la pluie est tellement impressionnante qu’elle te donne forcément des pensées positives.
    Rassure-moi, il ne pleut pas à Mulhouse ?

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