La désobéissance civile, de Henry David Thoreau

Avec cet essai initialement paru en 1849, je découvre une magnifique collection des éditions L’Alchimiste intitulée Les visionnaires.

Elle compte à ce jour quatorze titres et se consacre à des essais écrits au XIXème ou au XXème siècle mais qui résonnent d’une façon particulière aujourd’hui.

Sous ce rapport, il semblait presque évident de débuter ma découverte de cette collection avec La désobéissance civile de Henry David Thoreau.

Le résumé

En juillet 1846, Henry David Thoreau est emprisonné pour avoir refusé de payer un impôt à l’État américain, voulant ainsi marquer sa vive opposition à l’esclavage et à la guerre contre le Mexique. L’événement donnera naissance à cet essai paru en 1849, et dessinera le concept de désobéissance civile. Doit-on se plier à la tendance de la majorité, même si elle s’aveugle ? Doit-on se soumettre à des lois iniques ? Toute sa réflexion est visionnaire, comme le reflètent ses mots : « Ne peut-on franchir une nouvelle étape vers la reconnaissance et l’établissement des droits de l’homme ? Jamais il n’y aura d’État vraiment libre et éclairé, tant que l’État n’en viendra pas à reconnaître à l’individu un pouvoir supérieur et indépendant. »

Ce que j’en dis …

La désobéissance civile fait partie de ces essais absolument incontournables et en les proposant sur le marché L’Alchimiste permet à beaucoup de combler une certaine lacune.

La pensée de Thoreau mérite effectivement d’être lue avant d’être commentée ou appropriée comme se le permettent certains qui s’en réclament sans la connaître ou la comprendre.

Alors que cette notion de désobéissance civile se manifeste de nombreuses façons dans le monde socio-politique de 2023, il importe peut-être de resituer le contexte. Henry David Thoreau vivait donc aux Etats-Unis qui étaient alors une puissance esclavagiste et belligérante.

Ce qui a donné lieu à un mouvement politique mondial n’était à l’origine qu’un acte purement personnel et c’est certainement là une des clés les plus précieuses de cet essai.

Thoreau refuse de payer un impôt qui lui est réclamé par l’État parce qu’il ne souhaite pas s’associer à un gouvernement qui fait la guerre au Mexique et qui exploite les Noirs de façon structurelle. Son but n’est pas de lancer une protestation révolutionnaire mais de marquer l’importance qu’il accorde à son libre arbitre.

Il base sa réflexion sur le message de l’évangile qui prône l’amour du prochain et la liberté individuelle.

Sa pensée pourrait se résumer ainsi : « Comment renoncer à ma liberté de penser et d’agir en me conformant aux directives d’un gouvernement que je n’ai pas choisi et dont je ne partage ni les valeurs ni les objectifs ? « 

En se réclamant du Christ, Thoreau ne se présente pas comme un anarchiste mais comme un chrétien consciencieux. La soumission, d’accord, pourvu qu’elle soit justifiée et édifiante !

Je me suis régalé de cet essai très dense, parfois en butte avec la syntaxe (rappelons qu’il a été rédigé il y a plus d’un siècle et demi), mais qui reflète tellement bien mon questionnement personnel.

Enfin, ce qu’était mon questionnement personnel, puisque pour continuer à raisonner sur la base du Nouveau Testament qui guidait visiblement la sensibilité de Thoreau, l’épître aux Romains est précis sur la question. (Voir Romains chapitre 13 pour ceux que l’argumentation inspirée de l’apôtre Paul intéresse).

Pour autant, quel que soit le choix de chacun en matière de paiement des impôts ou de désobéissance civile, la question de Thoreau demeure pleine de sens :

“ Le citoyen, doit-il jamais un instant, si peu que ce soit, abdiquer sa conscience au législateur ? À quoi bon la conscience individuelle alors ? 

Un ouvrage à lire et à méditer (ainsi que le chapitre 13 de la lettre aux Romains).

La désobéissance civile, de Henry David Thoreau est publié par les éditions L’Alchimiste.
Le livre broché de 120 pages est vendu 7,50 €.
Paru le 14 mars 2023.

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