L’espion qui venait du livre, de Luc Chomarat

Pour finir en beauté cette trilogie à rebours, je lis en conclusion le premier volume de ce méta roman qui tourne autour de l’éditeur de fiction Delafeuille.

J’en parviens presque à penser qu’il est peut-être encore plus plaisant de la lire dans cet ordre…

(Mais que le potentiel lecteur intéressé à la découverte de cette trilogie signé Luc Chomarat ne se complique pas l’existence : s’il n’a pas encore commencé à aborder cette surprenante série et s’il décide de débuter par là ce sera certainement aussi très bien !)

Le résumé

Bob Dumont, agent secret, combat sans cesse le maléfique Igor. D’aventure en aventure, notre héros surentraîné au charme dévastateur lutte pour l’empêcher de devenir le maître du monde. Mais au détour d’une rue de Singapour, alors qu’il quitte les bras d’une hôtesse de l’air, Dumont tombe sur un adversaire d’une autre trempe : Delafeuille, son éditeur parisien, qui n’a pas l’intention d’ingurgiter une fois de plus les clichés invraisemblables, racistes et sexistes de ces romans. le monde du livre a changé, les lecteurs ont d’autres exigences. Pour donner un nouveau souffle à cette histoire, l’éditeur a décidé de s’introduire dans le récit, de récupérer Bob Dumont et de l’emmener chez John Davis, l’auteur, histoire d’avoir entre hommes une petite conversation …

Avec ce faux-roman d’espionnage inventif et surprenant, Luc Chomarat nous entraîne dans un imbroglio romanesque des plus réjouissants. Course-poursuites et scènes de combat se mêlent à un portrait plein d’humour des auteurs et des éditeurs, et à une étonnante réflexion sur le sens de la littérature.

Ce que j’en dis …

J’ai rarement vu un résumé qui contienne autant d’accents circonflexes. J’en ai compté cinq (si tu vérifies tu es encore plus atteint(e) que moi) ce qui fait beaucoup pour un texte aussi court.

Ce n’est pas très important.

Toutefois, je ne sais pas qui est chargé de rédiger les quatrièmes de couverture à La Manufacture de livres mais elles sont toujours d’une justesse implacable à tel point qu’il est presque difficile de parler du bouquin derrière ça tellement tout y est dit avec une légendaire concision.

Je vais cependant tâcher de le faire. (Mince, encore un !)

Pour être (je ne dis plus rien ..) franc, je suis assez fan du procédé littéraire méta romanesque que Luc Chomarat exploite à merveille dans cette trilogie qui ne se présente d’ailleurs pas comme telle.

Il s’en dégage une impression de facilité qui frôle l’indécence ou la franche arnaque. Mais que les fâcheux s’y essayent, ils essuieront sans doute une certaine déconvenue vexatoire.

Ainsi, Chomarat est un habile écrivain, un illusionniste expert qui mêle réel et fiction dans une combinaison troublante et pluridimensionnelle bizarre mais très jouissive.

Au-delà du procédé ou peut-être de ce fait, le lecteur se trouve projeté au sein d’une réflexion (qu’il partagera ou qu’il se contentera de lire) sur le rôle de la littérature, ses dérives commerciales, le droit du lecteur à aimer des écrits méprisables mais vendeurs ou sublimement élitistes et salement incompréhensibles au plus grand nombre, en un mot : unbankable. (Imbanquable en français mais malheureusement ça n’existe pas.)

Les écrivants (pareil) y trouveront aussi à penser à la relation qu’ils entretiennent avec leurs personnages, la latitude qu’ils leur offrent pour prendre de l’épaisseur, des décisions, ou pas …

Le lecteur moins névrosé ou moins concerné par de tels enjeux y trouvera aussi un moment de détente tout à fait satisfaisant et très original.

Si tu commences par ici et que le livre te plait, deux autres (et peut-être davantage) t’attendent derrière dans cet étrange univers très jubilatoire.

Je te recommande grandement d’essayer L’espion qui venait du livre.

L’espion qui venait du livre, de Luc Chomarat est édité par La Manufacture de livres.
Le livre broché de 160 pages est vendu 16,90 €.
Paru le 2 juin 2022.

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