Il se trouve des premiers romans dont on sent à la lecture qu’ils jouent un rôle positivement libérateur pour leur auteur.

Souvent, de tels romans sont aussi de nature à émouvoir grandement le lecteur, à déclencher une irrésistible empathie.

Des nouvelles de G. Weirdo est un livre de cette trempe.

Le résumé

« Depuis qu’elle n’est plus là, je suis un frêle esquif, une ombre abîmée, une coquille vide qui dérive sans cap. Depuis ce jour, je suis devenu quelqu’un d’autre. Autre chose. Une ombre… La nuit venue, le noir envahit la pièce et laisse apparaître, tapi dans les ténèbres, ce grand-père au regard bleu placide qui me glace le sang… »

Sous l’impulsion de son frère Paul, Gabriel, en quête d’une nouvelle idée de roman, entre en contact avec G. Weirdo, un détenu qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Hanté par le souvenir de ses premières amours, le prisonnier se livre sans concessions sur son passé. Son témoignage révèle à Gabriel l’histoire d’un adolescent torturé, à qui on a volé l’innocence. Entre traumatisme et premiers émois amoureux, le jeune homme découvre à travers les paroles de son aîné un monde de silence où certains secrets familiaux ne demandent qu’à être dévoilés…

Ce que j’en dis…

Il m’est impossible de juger de la part autobiographique de ce livre mais c’est toujours bon signe lorsque je me pose la question : ça signifie que j’y ai cru, que l’histoire m’a donné une forte impression d’authenticité.

Mais en ce qui concerne Des nouvelles de G. Weirdo, en vérité, je préfère ne pas savoir. La raison en est que le récit est très dur par certains aspects, sombre et inquiétant. Il est aussi parfois plus lumineux mais demeure inquiétant même sous la lumière.

Il y a cette mise en garde que je veux adresser au lecteur : ce livre contient de nombreux passages sexuellement explicites.

En ce qui me concerne ce ne sont pas des portions que j’apprécie particulièrement. Il m’est souvent arrivé de penser, face à une impression de surexposition de cette sexualité, pas véritablement érotique mais cependant très précise, qu’il ne faudrait pas que Gabriel W. Eliane écrive ainsi gratuitement, au risque de me déplaire.

Souvent je me suis dit : « Mon petit Gabriel, j’espère bien que tout ça va nous mener quelque part parce que, vraiment, ça fait beaucoup. »

Et lorsque je suis arrivé aux dernières pages du bouquin, la fin m’a ravi, justifiant, permettant de comprendre tout ce qui m’avait semblé si pénible.

Le côté sombre n’a pas été ôté pour autant mais j’ai ressenti cette puissante compassion qui me fait penser qu’il fallait effectivement que ce livre fût écrit.

Je ne sais pas si Gabriel W. Eliane continuera de nous offrir d’autres romans après celui-ci. Je ne sais pas s’il en ressentira le besoin où la nécessité.

Peu importe. Si Des nouvelles de G. Weirdo est une œuvre autobiographique unique et suffisante, je me réjouis de penser à un Gabriel W. Eliane apaisé.

Et si ce bouquin n’a en fait rien d’autobiographique, j’apprécierais que l’auteur m’amène une prochaine fois vers des sentiers plus lumineux et débarrassés de cette sexualité envahissante qu’on ne peut qu’excuser une fois le livre refermé.

Des nouvelles de G. Weirdo, de Gabriel W. Eliane est publié par Librinova.
Le livre broché de 150 pages est vendu 13,90 €.
Parution septembre 2022.