Paru à l’origine en trois tomes aux éditions L’Alchimiste, 2048 existe aussi dans une édition intégrale de près de 400 pages regroupant les trois volets de la trilogie et il me semble que c’est une bonne idée de la part de Lionel Cruzille qui est à la fois l’auteur et l’éditeur de ce roman de urban fantasy.
Bien sûr, j’aurais pu écrire fantaisie urbaine.
Mais est-ce que ça renvoie vraiment aux mêmes notions ?

Le résumé
Dans un monde qui se relève du chaos, tous les êtres humains se sont vus implanter une puce biotechno pour survivre à une terrible pandémie. Miya, orpheline et vagabonde, évolue dans cet univers sombre avec des pouvoirs de sorciers dont elle ne connait ni les limites ni les véritables usages mais qui ont permis sa survie. Tout bascule lorsqu’elle se fait enlever par un inconnu durant un affrontement avec les CYTOP, la cuber police, au cours duquel elle va perdre son compagnon. Elle se réveille dans un centre éloigné de toute civilisation abritant un nouveau groupuscule étrange et conduit par un certain Shifu. Miya ne le sait pas encore, mais sa destinée est complètement liée à la survie de l’Humanité tout entière car elle seule détiendrait la clé pour faire face à l’Apocalypse que tout le monde redoute. Le compte à rebours est enclenché. Miya sera-t-elle prête à temps ? A-t-elle seulement conscience des dangers qu’elle devra affronter ? Quel prix sera-t-elle prête à payer ? Celui de sa vie ?
Ce que j’en dis…
Bien que je chronique régulièrement des publications de L’Alchimiste, une maison d’édition que j’aime beaucoup, ce n’est que le deuxième roman de Lionel Cruzille lui-même qu’il m’est donné de lire.
Avant 2048 j’avais lu le premier tome de La Machine à écouter le Monde, un roman steampunk dont j’attends la suite avec impatience.
2048 appartient à un autre genre qui m’enthousiasme malheureusement moins : l’urban fantasy et son cortège de personnages dotés de pouvoirs surnaturels – ici il s’agit de sorciers.
J’ai trouvé cette trilogie assez sombre mais l’idée de la publier sous cette forme intégrale est une riche idée car, pour être tout à fait honnête (c’est ma marque de fabrique, on aime ou on n’aime pas) j’ai aimé le troisième volet davantage que le deuxième et le deuxième davantage que le premier.
Ainsi, alors que je ne me serais peut-être pas aventuré au-delà du premier tome dans une édition en trois volumes, j’ai eu dans cet autre contexte un plaisir allant croissant, au bénéfice de ma satisfaction finale et donc globale.
La première partie dans laquelle le lecteur fait connaissance avec Miya, ses étranges pouvoirs et l’ambiance très particulière d’une époque non pas post-apocalyptique (comme c’est souvent le cas dans la littérature de ce genre) mais pré-apocalyptique m’a semblé assez redondant et m’a laissé un goût de promotion de la culture new age assez peu convaincante.
Bref, pas mon moment préféré mais il me restait encore les deux tiers à lire…
La deuxième partie m’a davantage convaincu car elle permet au lecteur de mieux comprendre le contexte étrange dans lequel évoluent les personnages depuis le début. Un monde sombre et oppressif dans lequel se mêlent magie et technologie. On ne peut pas s’empêcher de penser à la saga Matrix. J’y ai vu aussi beaucoup de référence à la période de pandémie de Covid-19 et aux luttes idéologiques entre les partisans de la vaccination et les antivax.
Dans 2048 il n’est pas question d’un vaccin mais de l’implantation de la PIGAG ou Puce Interne Génétique Autogénérée. Chaque être humain se voit implanter cette puce qui permet une intelligence en réseau mais aussi une réalité augmentée qui tient plus du mensonge d’état que d’un bénéfice universel aux yeux des Hors-Réseau, libres de la PIGAG. Matrix n’est pas loin de l’esprit du lecteur ainsi que le récent passé, drôlement liberticide aux yeux de beaucoup.
Notons toutefois, et avec le plus grand intérêt, que 2048 a été publié (et fort logiquement écrit) avant la pandémie de Covid-19, ce qui donne à ce roman un aspect visionnaire des plus intéressants.
Cette deuxième partie m’a davantage séduit donc, mais la troisième encore plus.
C’est effectivement dans la partie finale que Lionel Cruzille a exploité cette idée chère à Philippe K. Dick et qui me charme aussi beaucoup : la différence parfois indiscernable entre la réalité et l’imaginaire dans des états de conscience altérée.
Un final très satisfaisant donc pour cette intégrale qui m’aura convaincu progressivement et qui presque quatre ans après sa sortie tient presque de l’œuvre d’anticipation.
Par ailleurs j’aime beaucoup le trailer donc c’est cadeau.
2048 – L’Intégrale, de Lionel Cruzille est édité par L’Alchimiste.
Le livre broché de 360 pages est vendu 21,10€.
Paru le 26 juin 2020.
