Au commencement il y a une méprise.

En feuilletant sur le web le beau catalogue des Éditions L’Alchimiste, j’avise un recueil de nouvelles dont la couverture aiguise mon intérêt.

Je lis donc le résumé qui m’inspire également.

Des jeux vidéos qui semblent posséder un autre but que divertir. Un ancien détenu qui provient d’un autre temps. Des voitures autonomes qui n’en font qu’à leur tête. Des automates ménagers qui n’agissent pas différemment… jusqu’à des robots qui créent d’autres mondes.

À travers les chroniques du Bureau des Défunts, Antoine Lencou rassemble huit nouvelles pour nous faire explorer les facettes d’un monde futur qui, à défaut d’être probable, est pour le moins possible. Est-il enviable ?

Je me réjouis à l’avance de le chroniquer mais j’apprends que ce recueil de nouvelles (j’aime beaucoup les nouvelles) fait suite à une tétralogie !

Je me retrouve donc à la case départ, comme lorsqu’au jeu de l’oie tu tombes sur la mauvaise case et qu’il faut tout reprendre depuis le début. (Je crois que c’est vrai avec plein d’autres jeux de société…)

Je commence donc par le commencement avec le premier volet de ladite tétralogie:

Votre mort nous appartient

Le résumé

Roïn Venkoo veut en finir avec sa vie qu’il juge absurde. Sauf que dans ce monde parfait, au bonheur obligatoire et policé, tout est réglementé. Pour mourir, il lui faut demander l’autorisation… qu’on tarde à lui donner. Les machines sont formelles : il faut attendre. Alors Roïn craque et passe outre. Il se jette du haut d’un immeuble et… est ressuscité. De force, puisqu’il n’avait pas obtenu la permission. Les mâchoires de la société se referment sur lui. S’ensuivent un procès et une sentence : l’interdiction de mourir pour un minimum de cent sept ans adjointe d’une obligation de travailler dans une officine d’état. Au désespoir, Roïn choisit le Bureau des Défunts, l’administration qui veille sur la mort des citoyens… Son choix est-il un hasard ? Car dès lors, Roïn va faire d’incroyables découvertes…

Ce que j’en dis…

Vous avez dit kafkaïen ?

L’intrigue l’est indéniablement !

Le traitement est cependant très science-fictionnesque et même si l’on ne met jamais complètement Kafka de côté en lisant cet ouvrage fort attrayant, Asimov ne tarde pas à s’inviter lui aussi, ainsi que bon nombre de philosophes ayant à coeur de se pencher sur des questions aussi fondamentales que le sens ou le but de la vie, le désir d’immortalité ou la place de l’art dans un système consumériste.

Je le dis avec ma sensibilité de lecteur et les références qui sont les miennes, conscient qu’un lecteur donne vie à une œuvre d’une autre façon que le fera un autre lecteur. L’auteur, le pauvre, n’a pas de prise sur cela…

Le thème central, la mort, et ses déclinaisons telles que le suicide, l’oubli ou la résurrection sont abordées avec intelligence et humour ce qui – soit dit en passant – est déjà une prouesse.

Traiter d’un tel sujet sans dérision ni légèreté mais sans sombrer dans une gravité pénible n’est certainement pas chose aisée.

Antoine Lencou se prête à l’exercice avec talent. Il propose une vrai roman, addictif et surprenant, une véritable œuvre de science-fiction dont on se dit dès le premier volet qu’on ne s’en lassera pas rapidement.

Ainsi me reste-t-il encore trois tomes à découvrir avant de pouvoir lire ce recueil de nouvelles qui m’avait séduit et je m’en réjouis à l’avance !

A propos de l’auteur

Antoine Lencou est du genre préoccupé. Nos origines, notre devenir, notre conscience, le but de notre existence, celui de l’univers, où il a rangé ses clés… Des questions simples, quoi.

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Le trailer pour finir en vidéo

Le Bureau des Défunts 1 – Votre mort nous appartient, d’Antoine Lencou est édité par L’Alchimiste.
Le livre broché de 232 pages est vendu 17,50€.
Paru le 4 février 2020.