J’ai décidé de découvrir la jeune maison d’édition marseillaise Le bruit du monde cette année et c’est donc avec beaucoup de plaisir que je constatai que pour l’évènement masse critique de janvier Babelio avait décidé de m’octroyer un livre de cette maison : Le bateau blanc, de Xavier Bouvet.

Le résumé
En septembre 1944, les Allemands fuient l’Estonie qu’ils occupaient depuis trois ans, tandis que l’Union soviétique s’apprête à envahir de nouveau le petit État balte. Quelques Estoniens vont tenter de s’infiltrer dans cet interstice pour former un gouvernement indépendant et restaurer la République. Ils n’ont que quelques jours pour réaliser cette mission : un navire envoyé par la résistance en exil doit les sauver de la descente du rideau de fer.
À leur tête, l’avocat Otto Tief, retiré de la vie politique depuis dix ans, soucieux d’accomplir son devoir et de retrouver sa famille à Stockholm. Tief s’engage aux côtés de son ami Jüri Uluots, dernier Premier ministre d’une République condamnée par l’Union soviétique de Molotov et de Staline. Autour d’eux cheminent le poétesse Marie Under, prise au piège d’une capitale assiégée, et tous les destins soumis aux décisions impossibles, aux renoncements et au déracinement.
Captivé par le silence entourant ces événements, Xavier Bouvet a souhaité raconter le sursaut des individus face à l’irruption de la violence et de l’inexorable, et décrire les résonances intimes du fracas de l’Histoire. Il compose une fresque haletante, dont on achève la lecture le coeur serré.
Ce que j’en dis…
Livre détonnant (j’insiste sur le doublement de la consonne) au sein d’une production littéraire souvent plus légère en ce début d’année, Le bateau blanc est un roman historique consacré à la République indépendante d’Estonie et à ses fondateurs modernes, plus particulièrement Otto Tief, premier ministre de ce petit état pris en étau entre deux totalitarismes : la Russie à l’époque de l’U.R.S.S. et l’Allemagne nazie.
À l’image d’un accouchement long et difficile, au prix de nombreux efforts et de grandes souffrances, l’Estonie a fini par obtenir son indépendance comme d’autres pays de l’ancienne Union des Républiques Socialistes Soviétiques au début des années 90.
Ses fondateurs ne rêvaient pas tant d’indépendance que de neutralité. Un idéal mis à mal par des nations voisines pour le moins belligérantes au féroce appétit territorial qui s’est manifesté tout au long du XXème siècle. Mais peut-être n’étaient-ce que les prémices de ce qui secouerait la scène mondiale au cours du XXIème…
À l’heure où la Russie se trouve de nouveau en proie à une fièvre expansionniste, il est bon et intéressant de se pencher le temps d’un roman sur la vie mouvementée de ces hommes qui avaient rêvé l’Estonie calme et paisible.
Avec Le bateau blanc, Xavier Bouvet donne à l’Estonie ses lettres de noblesse et à ses lecteurs l’envie de découvrir plus pleinement ce pays discret qui semblerait insignifiant au sein de la grande Europe.
Ce livre ne m’a pas transmis des idées politiques mais des envies de voyage. Une belle découverte.
Décidément, depuis le début du siècle dernier la scène de ce monde est en train de changer. Cela ne se fait pas sans bruit.
Merci Le bruit du monde de nous aider à dissocier le murmure du vacarme.
À propos de l’auteur

Né en 1984 à Metz, Xavier Bouvet a étudié l’histoire et la communication à Leipzig, puis à Paris. Investi ces dernières années dans la vie municipale messine, il vit aujourd’hui à Tallinn. Le bateau blanc est son premier roman, fruit d’un intérêt ancien pour l’Estonie, et de trois ans de documentation.
Le bateau blanc, de Xavier Bouvet, est édité par Le bruit du monde.
Le livre broché de 320 pages est vendu 22€.
Paru le 1er février 2024.
