Cécile BAUDIN, auteure d’un premier roman remarqué, “ Marques de Fabrique” dont l’adaptation cinématographique est en projet, nous replonge dans le XIXème Siècle, mais en Lozère cette fois. Cette région de la tristement célèbre bête du Gévaudan, campe le décor de “La Constance de la Louve”.

Le résumé
Lozère, hiver 1835. Un étudiant en médecine est découvert mort devant l’asile d’aliénés qui l’accueillait en formation. Il se serait perdu dans la tempête de neige qui faisait rage la nuit précédente. Mais le juge de paix de Saint-Alban, par ailleurs lieutenant de louveterie, s’interroge sur l’étrange décès. Aidé par une infirmière de l’asile, il met au jour une série d’incohérences, et d’indices troublants.
La piste encore fraîche le mène jusqu’au canton voisin où il déterre d’autres mystères, plus anciens, plus obscurs, qui impliqueraient des notables.
En ce début de XIXe siècle, dans une ruralité où les progrès scientifiques et technologiques se font attendre, l’ombre de la bête du Gévaudan plane toujours sur les monts de la Margeride.
Mais n’y aurait-il pas pire prédateur qu’elle ?Une enquête passionnante et ténébreuse.
Ce que j’en dis…
Nous voilà embarqués dans une histoire où plusieurs meurtres, aux scénarios plus macabres les uns que les autres, vont donner du fil à retordre aux enquêteurs et nous tenir en haleine !
Victor CHASTEL, le très charismatique juge de paix trouvera en Marianne et Constance, deux femmes à l’intelligence vive, des alliées et plus si affinités, comme on dit… La première, infirmière, l’aidera considérablement grâce à son expérience et à ses facultés de déduction, tandis que la jeune Constance, intrépide et opiniâtre, saura se montrer indispensable par sa maîtrise du patois local.
Une fois de plus, Cécile BAUDIN excelle dans l’art de planter le décor et d’aider le lecteur à imaginer à quoi ressemblait la vie quotidienne et les conditions de travail de cette période préindustrielle. Raison et sentiments, voilà aussi ce qui se joue dans la décision de Constance, exprimée en ces termes p 475: “ Mais elle avait fait un choix, certes rationnel, qui n’était pas un pis-aller. Cette voie lui donnerait une chance de venger toutes les femmes opprimées qu’elle avait connues, quelle que soit leur situation sociale, par l’exemple et l’ambition, plus que par la vindicte et la passion.”
Et que dire de la conscription, terme désuet s’il en est !… Ce roman met en lumière la façon dont elle était régie. L’auteure nous en relate les tenants p. 405 : » Le tirage au sort de la conscription ! L’année de leurs vingt ans, tous nos jeunes hommes sont recensés, canton par canton, pour constituer leur classe d’âge, n’est-ce pas ? Ils sont alors contraints de tirer un numéro, au hasard. Ce numéro va permettre d’établir une liste ordonnée et équitable, selon laquelle l’armée va appeler les hommes dont elle a besoin au moment du conseil de révision. » On imagine bien les stratagèmes mis en place par les nantis pour s’y soustraire, dans une période de l’Histoire où des conflits majeurs ont ensanglanté l’Europe !
Dans la construction de son roman, Cécile BAUDIN a intercalé des interludes qui nous ramènent deux décennies précédant l’intrigue. Elle y a glissé quelques indices qui vont ponctuer le récit et orienter le lecteur, pour peu qu’il soit perspicace…
Oups, j’ai failli oublier celui qui tient son rôle à part entière, le fidèle compagnon canin de Victor, Auro, un chien-loup en perpétuelle alerte, aussi impressionnant qu’attachant et dont il va être question jusqu’à l’épilogue.
Et comme pour son premier roman, une partie de la clé se trouve dans le choix du titre, mais il vous faudra atteindre les toutes dernières pages pour faire le lien…
La Constance de la louve, de Cécile Baudin est édité aux Presses de la Cité.
Le livre broché de 496 pages est vendu 23€.
Paru le 14 mars 2024.
