Les Liens artificiels, de Nathan Devers

Consterné de constater le temps effarant consacré aux écrans, je décidai de créer un club de lecture se limitant aux stricts limites familiales et géographiques qui me permettraient de me retrouver à discuter d’un bouquin avec mon épouse et mes enfants.

Bon prétexte à passer du temps ensemble, du temps à lire, et à laisser un peu les écrans de côté, histoire de sauver ce qui peut l’être encore de nos cerveaux calcinés par Internet et les réseaux sociaux.

Quoi de mieux pour démarrer cette aventure familiale et littéraire qu’un roman qui se penche précisément sur les dérives de notre passion pour les univers virtuels ?

Le résumé

L’Antimonde est le premier métavers qui réplique la planète Terre à l’identique. Ce monde artificiel offre à chaque utilisateur la possibilité d’avoir en ligne, via son avatar, une vie plus riche et plus folle.

Julien Libérat, professeur de piano frustré, s’est, depuis la crise sanitaire, laissé submerger par les écrans.

L’Antimonde lui ouvre la voie possible d’un grand destin.

Fiction vertigineuse sur la frontière entre réel et virtuel, plongée irrésistible dans le « charme du néant », Les Liens artificiels est à la fois une tragédie, une satire sociale, un drame digital et psychologique, qui dénonce un monde tout proche, une aberration surgie de la Silicon Valley pour nourrir des âmes vides avec des pixels…

Ce que j’en dis…

La couverture du livre de poche, publié par l’éditeur éponyme, déborde de dithyrambes : « Aussi inventif que drôle », « Un roman puissant », Captivant, terrifiant et burlesque », « Le premier bon roman sur le métavers ». Par ailleurs, Les Liens artificiels était en lice pour le prix Goncourt de l’Orient 2022.

Ceci étant dit, et à cause de cet enrobage particulièrement élogieux, j’ai le sentiment qu’on m’a un peu survendu le produit.

D’abord j’ai lu des bouquins traitant du métavers beaucoup plus inventifs que celui-ci.

Je me rappelle par exemple de Dieux et avatars, de Pascal Behem, modeste auteur autoédité qui m’aura beaucoup plus enthousiasmé que Nathan Devers, normalien et agrégé de philosophie, encensé par la critique donc.

Non pas que je me sois ennuyé, n’exagérons rien, mais le style m’a semblé pédant et superficiel, assommant de name dropping, un peu trop Parisien pour moi (qui suis pourtant né dans le 14ème arrondissement de la capitale).

Pour reprendre le fil du bouquin, il est question d’un quidam qui n’apprécie que peu son existence et trouve un dérivatif dans un métavers. Bon, l’idée de départ n’est pas hyper originale mais elle peut donner lieu à un récit extrêmement rocambolesque. Ce n’est malheureusement pas le cas ici.

Julien Libérat (alias Vangel dans le métavers) va se faire manipuler par le créateur de l’Antimonde, un détestable mégalomane, amoureux de la Bible auquel il se réfère constamment alors qu’il n’y comprend rien (mais le lecteur novice risque de tirer des conclusions nocives des assertions toxiques d’Adrien Sterner – ou est-ce une interprétation personnelle que nous offre Nathan Devers ? – et ça me chagrine passablement).

En définitive, Les Liens artificiels ne fait qu’effleurer un sujet brûlant d’actualité et qui demeure à mon avis un thème d’écriture des plus intéressants.

Notons toutefois, que d’autres lecteurs ont eux aussi (il n’y a pas que la presse) encensé ce bouquin.

Les Liens artificiels, de Nathan Devers est édité par Le Livre de Poche.
Le livre format poche de 312 pages est vendu 8,70€.
Paru le 10 janvier 2024.

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