D’habitude j’aime bien laisser passer un ou deux jours avant de rédiger ma chronique lorsque je lis un livre, histoire de permettre à mon ressenti d’infuser ma conscience.
Impossible en ce qui concerne Anna O, puisque je me suis engagé auprès du site BePolar à donner mon avis au plus tard le 15 mai.
C’est aujourd’hui.
Chronique à chaud donc.

Le résumé
Cela fait quatre ans qu’Anna O n’a pas ouvert les yeux.
Depuis la nuit où elle a été trouvée endormie à côté des corps de ses amis, et qu’elle est devenue l’unique suspecte de ce double meurtre.
Pour le Dr Benedict Prince, spécialiste du sommeil, réveiller Anna O est un défi qui pourrait changer sa carrière. Alors qu’il commence à étudier les rêves, les souvenirs et les clés du passé de sa patiente, il comprend que sous ses paupières closes se cache un secret plus profond, plus sombre, et surtout plus dangereux pour eux deux.
Le réveil d’Anna O n’est donc pas la fin de l’histoire, seulement le début.
Phénomène international vendu dans trente pays, Anna O est aussi bien une plongée fascinante dans les mystères des neurosciences qu’un thriller implacable qui vous empêchera de fermer l’œil avant d’avoir atteint la dernière ligne.
Ce que j’en dis…
Quand avant-hier j’ai débuté ma lecture de ce pavé de plus de 500 pages je me suis dit qu’il fallait peut-être que je me calme avec ce hobby dévorant qui consiste à lire des bouquins à la chaîne, parfois avec une deadline, que je me mettais la pression inutilement et que ça risquait de gâcher mon plaisir tôt ou tard.
Anna O m’a rassuré. Deadline ou pas, j’ai lu ce livre le plus vite possible, happé, dévoré de l’intérieur par ce thriller implacable. Pas de nuit blanche mais des heures avec les fesses scotchées dans mon fauteuil près de la fenêtre ou sur le banc sous le tilleul du jardin.
Je lis beaucoup, je suis souvent enthousiaste, plus rarement époustouflé.
Matthew Blake m’a époustouflé.
Il m’arrive parfois, à la lecture de premiers romans, de découvrir des auteurs avec un potentiel incroyable. Je note alors mentalement d’y revenir et il est rare que je sois déçu en lisant la suite de leur production littéraire.
Mais Matthew Blake est un rang au-dessus, à tel point que je me demande comment il est possible de débarquer en littérature avec un premier roman d’une si grande … attractivité.
Oui, Anna O est déjà un phénomène éditorial et cela n’a rien de surprenant. Ne serait-ce que grâce à une intrigue dont la complexité ne se dévoile que petit à petit et qui transforme l’esprit du lecteur en une sorte de toile d’araignée tendue de fil rouge telle qu’on peut la voir sur le mur délavé d’un esprit criminel psychopathe, reliant des photos à des articles de journaux, lorsque la police vient perquisitionner à son domicile, souvent trop tard.
Le livre contient cinq parties qui semblent à chaque fois posséder des airs de conclusion. Comme si la page était tournée, qu’une nouvelle allait s’ouvrir pour avancer dans l’histoire… Mais chacune ne fait qu’ajouter en définitive une nouvelle couche à un mille-feuilles (un demi mille-feuilles) littéraire dont chaque bouchée est un délice.
Il est convenu de dire à propos des livres à suspens qu’ils sont pleins de rebondissements et de retournements de situation. Tellement convenu qu’il s’agit bientôt d’un lieu commun.
Mais Anna O, ne se satisfait part d’explorer le paradigme, il l’illustre à la perfection.
Arrivé à ce moment de ma chronique, alors que je suis pleinement conscient de n’avoir rien dévoilé du contenu de l’histoire, je tiens à rassurer l’éventuel lecteur(trice) de ce modeste billet. C’est tout à fait volontaire de ma part.
Et si je peux me permettre un conseil : n’allez pas voir ailleurs pour en apprendre davantage au sujet de ce livre : arrêtez vos recherches. Lisez-le !
Et comme d’habitude, je note mentalement le nom de Matthew Blake dans la liste immatérielle des primo-romanciers à suivre qui existe quelque part dans ma tête, même si j’avoue que je me demande comment il est possible de ne pas faire moins bien la prochaine fois…
L’auteur

crédit photo (c) Pete Bartlett
Matthew Blake a étudié la littérature anglaise à Durham University et au Merton College d’Oxford. Passionné de neurosciences, de Sigmund Freud et des romans d’Agatha Christie, il y a puisé son inspiration pour Anna O, son premier roman.
Anna O, de Matthew Blake est édité par Buchet-Chastel.
Traduit de l’anglais par Laure Porche.
Le livre broché de 528 pages est vendu 23€.
Paru le 14 mars 2024.
