Deuxième découverte de la collection noire de M+ éditions, ce roman historique de Maurice Gouiran, (encore un ancien de chez Jigal), est une valeur sûre si l’on considère que l’auteur a déjà publié pas moins de 30 romans à ce jour.
Mais ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué…

Le résumé
1961 : la télévision diffuse en mondovision le procès d’Adolf Eichmann à Jérusalem, ce qui donnera à Hannah Arendt l’occasion de développer son concept philosophique de la banalité du mal.
1936 : Karl, Bernhardt et Werner, trois garçons de 10 ans, sont intégrés dans les jeunesses hitlériennes. 7 ans plus tard, ils sont incorporés dans une 12e SS Panzerdivision, formée avec des ados issus des JH qui se rendent coupables de crimes de guerres et de massacres de civils.
1961 : à Lovère, un village proche de Marseille, Bro suit avec attention le déroulement du procès Eichmann, jusqu’à ce qu’une série de crimes perturbe la vie paisible de la localité et mette en cause le jeune Polonais. Question : qu’est-ce qui peut bien relier tous ces événements ?
Ce que j’en dis…
Après la lecture de Demonica de Hervé Gagnon, dans la même collection noire des éditions M+, j’avais un peu peur de me retrouver confronté à un autre roman horrifique frôlant parfois le surnaturel.
Il n’en est rien en ce qui concerne le surnaturel puisque Maurice Gouiran a bâti son roman à partir de faits avérés, ce qui fait d’ On n’est pas sérieux quand on a 17 ans un livre qui tient davantage du polar historique que du thriller horrifique, ce qui donne le ton de la collection noire de façon plus précise.
Pourtant, si l’histoire est bien réelle, elle n’en est pas moins horrible puisqu’elle traite notamment de la façon dont des adolescents de 17 ans on été utilisés durant les années 40 pour constituer une compagnie SS qui s’est illustrée par des faits de guerre particulièrement monstrueux.
En parallèle mais dans une autre temporalité on s’intéresse à un fait divers qui a lieu dans un petit village des environs de Marseille. Un règlement de comptes entre petits délinquants, rien de méchant comparativement aux exactions nazies. Dans cette ambiance presque pagnolesque, Bro, alias le Polack, de son vrai prénom Bronislaw, fait figure de gamin naïf.
Chaque jour, au bistrot du village, il suit sur le téléviseur de la salle commune le procès Eichmann. Pourquoi un tel intérêt?
Au fil du récit, Maurice Gouiran, en plus de nous donner un éclairage sans fard sur la deuxième guerre mondiale, nous plonge dans une atmosphère beaucoup plus douce qui sent bon l’anisette et l’aïoli, mais la distance entre les deux mondes s’amenuise peu à peu et lorsque les deux intrigues finissent par se rencontrer le lecteur est saisi et ne peut s’empêcher de frémir.
Ce très bon roman est à la fois passionnant sur le plan historique et tout à fait efficace sous l’angle du roman policier. Faisant ainsi d’une pierre deux coups, l’auteur nous donne entière satisfaction.
Alors que nous sommes en l’an 80 après le débarquement en Normandie, souhaitons que cette histoire reste loin, très loin dans le passé et que les affres de la guerre ne ressurgissent pas de si tôt autrement qu’en littérature.
L’auteur

Maurice Gouiran a écrit plus de 30 polars, dont une douzaine ont reçu des prix littéraires. Il était l’un des 5 auteurs français de polar francophone avec Léo Malet, Fred Vargas, Georges Simenon et Didier Daeninckx au programme de l’Université Georges Washington en 202O-2021.
Le journal Marianne le classait, en 2016, dans la liste des 30 auteurs français qui comptent.
On n’est pas sérieux quand on a 17 ans, de Maurice Gouiran est édité par M+ dans la collection noire.
Le livre broché de 380 pages est vendu 19,90€.
Paru le 28 mars 2024.

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