Les Éphémères, de Joan Ott

Si vous êtes un habitué des lieux (sinon vous pouvez encore vous abonner, c’est gratuit et il reste de la place !), vous connaissez ce nom au moins pour l’avoir lu souvent dans la section commentaires.

Et c’est un fait que je lis toujours les commentaires de Joan Ott avec beaucoup de plaisir.

Mais pour le coup, ce n’est pas un commentaire qui m’a occupé ces derniers jours mais son nouveau roman : Les Éphémères.

Le résumé

Alice a quatorze ans le jour de la déclaration de la Grande Guerre : une nouvelle vie commence.

Après l’armistice, elle se marie, puis abandonne époux et fils pour ne plus jamais donner de nouvelles. Sans chercher à percer le mystère de cette disparition, ses descendants se poseront pourtant tous la même question : comment une femme, qui plus est une mère, peut-elle s’évaporer ainsi, sans laisser aucune trace ?

Ce n’est qu’un siècle plus tard que Celia connaitra l’indicible secret qui aura commandé le silence, guidé la vie et imposé les choix de sa trisaïeule.

Un voyage dans l’espace et dans le temps au fil des générations qui se succèdent. Des vies sans doute trop simples pour s’inscrire dans l’Histoire majuscule, dont seuls les romans conservent la mémoire.

Ce que j’en dis…

Les Éphémères constitue une forme de saga familiale presque ordinaire avec des personnes simples, qui nous ressemblent, et cela ajoute vraiment beaucoup à l’histoire.

Difficile de dire à quel genre appartient ce récit : saga familiale donc, mais aussi roman choral, littérature de terroir, roman épistolaire. C’est un peu tout cela et pourtant aucune étiquette n’y correspond tout à fait.

Je suis persuadé que Joan Ott n’aime pas les étiquettes.

Pour ma part, comme une grande partie du livre se passe à Mulhouse, j’avais l’impression de voyager dans le passé. Pas un passé dans lequel j’ai vécu mais dans celui que me racontent les vieux du coin.

Encore la semaine dernière, j’ai discuté avec une Mamie qui ne disait pas son âge mais qui n’était peut-être déjà plus septuagénaire et je me sentais aussi bien à discuter avec elle que je l’étais à lire Les Éphémères.

Ce beau roman parle aussi de succession, de ce qu’on laisse à nos descendants ou de ce dont malheureusement on les prive. La généalogie est une science imparfaite et en réalité un objectif inatteignable tant les histoires familiales recèlent des zones d’ombre.

L’autrice en joue en usant d’ellipses qui semblent priver le lecteur d’une pleine compréhension de l’intrigue avant de combler ses lacunes par la voix d’un autre protagoniste dans les pages qui suivent.

C’est intelligent et construit mais sans démonstration ni fioritures. Simple et bien.

Mention spéciale pour les dialogues avec le père alsacien. Joan Ott a su transcrire avec un grand réalisme la syntaxe particulière de ce parler français au schéma mental allemand. J’entendais la musique de la langue lors de ma lecture et je reconnais là une belle prouesse de l’autrice.

Ce n’est sans doute pas par hasard que Les Éphémères s’est vu décerner le Grand Prix du Salon du Livre de Strasbourg Krutenau 2024.

L’auteure

Joan Ott vit à Strasbourg.

Romancière, dramaturge, parolière, metteur en scène, comédienne et chanteuse, elle dirige la compagnie de théâtre La Dorée.

Elle a publié à ce jour vingt ouvrages dont huit ont fait l’objet d’une adaptation scénique.

Les Éphémères, de Joan Ott est publié par les éditions Cockritures.
Le libre broché de 245 pages est vendu 15€.
Paru en juillet 2023.
Disponible directement auprès de Joan Ott
à cette adresse joanott@icloud.com.

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