Dans la tête du génie

Comme tout les gens de ma génération (je suis né dans les années 70), même si je n’ai jamais été un fan de Prince, il m’a été tout bonnement impossible d’ignorer ses titres emblématiques (Purple Rain, Kiss, Sign of the Times, etc.) et lorsque j’ai vu que les éditions Hors Collection proposaient une biographie du Kid de Minneapolis dans la masse critique consacrée au genre non fiction, je me suis dis : Why not ? (Je parle très bien anglais).

Le résumé

L’annonce de sa mort, due à une surdose d’opioïdes, le 21 avril 2016 à l’âge de 57 ans, a sidéré la planète entière, prenant par surprise jusqu’à ses fans les plus assidus.

Jusqu’au bout, le secret a entouré les moindres faits et gestes de ce créateur forcené, obsédé du contrôle – le mot-clé de sa vie et de son impressionnante carrière. Pourtant, en coulisse, le Minneapolis Genius a souvent perdu la maîtrise de son destin, emporté par ses démons, avant de renaître de ses cendres, toujours sauvé par son fabuleux talent.

Du Kid de Purple Rain au performer indépassable des années 2000, des traumas de l’enfance aux bouleversements du statut de mégastar, Ersin Leibowitch met en lumière les multiples visages de cet artiste exceptionnel qui subjugua le monde de la pop pendant plus de trente ans. Bienvenue dans la Prince Xperience…

Ce que j’en dis…

Comme je le précisais en introduction, je n’ai jamais été un fan de Prince même si j’ai, au même titre que beaucoup, apprécié ses titres les plus célèbres. Pourquoi dès lors me pencher sur sa biographie ? Parce que je suis d’une insatiable curiosité, tout simplement. Et parce que j’étais intrigué par trois choses que je croyais savoir à son sujet qui ne collaient pas trop ensemble.

D’après ce que je savais, Prince était :

• Une mégastar sulfureuse
• Un Témoin de Jéhovah
• Mort d’une overdose

Une mégastar sulfureuse qui meurt par overdose, ça n’a rien de choquant. Mais le fait qu’il soit Témoin de Jéhovah me semblait un peu moins conciliable avec le reste.

J’ai don lu la biographie signée Ersin Leibowitch et j’ai réussi à mettre un peu d’ordre dans tout ça.

Prince Xperience nous en apprend beaucoup sur la rock star et surtout sur son incroyable rythme de créativité. Warner n’arrivait tout simplement pas à le suivre.

En revanche, piètre homme d’affaires (comme beaucoup d’autres musiciens) il aurait certainement du accepter de se laisser un peu plus diriger. Mais l’humilité et le génie, dans quelque domaine que ce soit, vont rarement de pair…

Il est bien vrai qu’il s’est fait baptiser chrétien Témoin de Jéhovah en 2001. Il aura même créé un morceau en rapport avec sa foi nouvelle : Rainbow Children., beaucoup plus jazzy.

Pour le coup, après sa conversion il a poursuivi sa carrière, essayant de la purifier des provocations immorales , donnant à son œuvre un caractère indiscutablement protéiforme.

Pour en revenir à son overdose, elle n’est pas une OD de junkie, mais une surdose médicamenteuse. Le résultat, malheureusement, est le même.

Cette biographie n’est pas romancée mais d’une approche tout à fait journalistique, conforme à ce qu’on attend de son auteur. Tout porte à croire qu’elle fera le bonheur des fans (et des lecteurs sourcilleux qui aiment comprendre comment quelque chose qui semble improbable devient compréhensible une fois qu’on a bien expliqué).

L’auteur

Journaliste à France Info, Ersin Leibowitch est l’auteur de Mythology, une contre-histoire des Beatles (Hors Collection, 2022) et de Passeurs de disques (Mareuil, 2015). Il est également coauteur, avec Dominique Loriou, du Paris de Gainsbourg (2011) et de Beatles Collector (2012), tous deux parus aux éditions Jacob-Duvernet.

Prince Xperience, de Ersin Leibowitch est édité par Hors Collection.
Le livre broché de 320 pages est vendu 18€.
Paru le 31 mai 2024.