Bien que mon emploi du temps m’empêche de me rendre aux réunions mensuelles du rdv p.17 depuis le début de l’année (ainsi que le mois prochain!), je suis ravi de faire partie d’un club de lecture et c’est dans ce contexte que j’ai pu lire ce merveilleux roman.

Le résumé
Elles sont sept, sept sœurs aux airs de sauvageonnes. Armées de leurs longues chevelures rousses, de leurs muscles saillants, leurs gestes brusques et joyeuses grossièretés, elles viennent vendre leurs peaux de bêtes au marché. Elles dansent aussi, ivres et flamboyantes, au milieu des hommes qui les sifflent. À part ça, personne ne sait vraiment qui elles sont. Ce sont les filles du chasseur d’ours. On raconte qu’elles passent leurs journées à braconner et à se battre, quand elles ne sont pas en train de se baigner dans une rivière au clair de lune…
Pourtant, se profile derrière ces renardes échevelées un récit à nul autre pareil. Une nuit, leur père ne revient pas de la chasse, et les sept filles se retrouvent livrées à elles-mêmes. La forêt, lorsqu’on n’est qu’une bande de gamines jouant aux dures, a des rites d’initiation bien brutaux. La faim et le froid ne sont que peu de chose quand les rapports de force et la violence entrent en jeu – et que la renarde devient louve.
Anneli Jordahl dépeint les aventures homériques de sept filles féroces et intrépides et à travers elles la Finlande contemporaine et ses légendes. Un conte féministe venimeux.
Ce que j’en dis…
À chaque saison son challenge littéraire, le challenge d’automne proposait 10 lectures dont « un roman que quelqu’un a choisi pour vous ». Tirée au sort, Christine a dû choisir pour moi et elle décida de me confier Les Filles du chasseur d’ours, un roman qui m’était totalement inconnu.
Ce fut un incommensurable bonheur de lecture, 445 pages de dépaysement total tant en ce qui concerne cette Finlande où je ne me suis pas encore aventuré que par l’histoire complètement barrée de ces sept sœurs sauvages vivant complètement en marge de la société. C’est à tel point que pendant les premières pages il est absolument impossible de situer le récit dans le temps. À l’évocation de ces jeunes filles vivant en pleine forêt, on pense immédiatement à quelque époque moyenâgeuse. Mais non, le récit commence à intégrer des notions modernes : commerces, électricité, téléphone portable. Le lecteur se trouve contraint de situer le récit à notre époque moderne et la surprise est grande de se dire que ces filles ne sont pas d’un temps reculé mais de nos contemporaines.
Sans eau courante, ni chauffage, ni électricité, bientôt plus sans parents non plus, analphabètes pour la plupart, illettrées pour ce qui est d’une ou deux d’entre elles, n’apparaissant sur aucun registre administratif, elles n’ont jamais rencontré un dentiste ou un coiffeur, ne connaissent rien d’autre ou presque que leur père, leur mère, les deux chiens, les poules et la forêt environnante.
Abruti par le monde moderne qui bien souvent m’insupporte, je ne savais pas quoi ressentir pour les sept. Cette vie sauvage à laquelle une forme d’éducation paternelle complètement décalée les contraint, est-ce une bénédiction ou un immense malheur ?
Leur rencontre avec le monde moderne qui survient assez tardivement dans le roman ne me permettra même pas de répondre à cette question fondamentale.
J’ai lu ce roman comme s’il s’agissait d’une histoire vraie, avec la même totale empathie et l’histoire me reste gravée dans l’esprit bien que j’aie lu un autre très bon livre entre temps.
Merci donc à Christine d’avoir choisi Les Filles du chasseur d’ours pour moi. Ce fut une découverte vraiment extraordinaire.
L’autrice

Anneli Jordahl est une romancière, critique littéraire et essayiste suédoise. Les Filles du chasseur d’ours est son cinquième roman, et le premier à être traduit en français. (La traduction est de Anna Gibson).
Les Filles du chasseur d’ours, d’Anneli Jordahl est publié par Les Éditions de l’Observatoire.
Le livre broché de 445 pages est vendu 23€.
Paru le 3 janvier 2024.
