Au commencement il y a cette envie de consacrer l’année 2024 à découvrir Le Bruit du monde dont je n’aurai finalement lu que trois publications.
Puis un intérêt mutuel sur les réseaux sociaux, plusieurs prix littéraires et une présence dans le catalogue NetGalley en livre audio chez Multisonor.
J’étais prêt à écouter enfin De notre monde emporté de Christian Astolfi.

Le résumé
Du début des années 1970 à la fin des années 1980, Narval travaille aux Chantiers navals de La Seyne-sur-Mer. Ce temps restera celui de sa jeunesse et de la construction de son identité ouvrière. Quand se répand le bruit de la fermeture des Chantiers pour des raisons économiques, ses camarades et lui entrent en lutte, sans cesser de pratiquer leur métier avec la même application, tandis que l’amiante empoisonne lentement leur corps. Dans un subtil mélange de lyrisme et de sobriété, Christian Astolfi compose la chronique d’une existence qui traverse l’évolution politique et sociale de la France de l’époque, tout en révélant les désirs et les peines d’un homme habité par les rêves d’un père qui aura voué sa vie à ce monde emporté.
Ce que j’en dis…
Pour une fois il me semble évident que la version lue est probablement au-dessus de la version imprimée tant Guillaume Orsat incarne Narval à la perfection.
La lecture est correcte et précise mais il y a surtout un timbre de voix particulier qui convient incroyablement bien à l’émotion que Christian Astolfi véhicule dans ce livre.
De notre monde emporté est un superbe roman ouvrier qui donne une dignité rare au monde des chantiers navals dont il est question dans ce récit. Les hommes qui consacrent leur vie en entier à la construction de navires immenses sont tellement invisibles hors du contexte géographique précis des villes où ils vivent et travaillent.
On avait Germinal et Zola pour prendre conscience de la dure réalité du travail dans les mines, de la même façon, Christian Astolfi braque le projecteur sur le monde ouvrier des chantiers navals.
Le roman m’a personnellement beaucoup touché, étant moi-même ouvrier, conscient de ce qu’est la valeur travail si chère au discours de certains politiciens pour qui elle demeure aussi pratique que purement théorique (comprenne qui pourra).
Hommage aux petits de la France d’en-bas, ici il n’est pas question des petites mains propres à certaines industries mais de grosses mains calleuses et noires en permanence, celles de nos pères, celles du père de Narval, mais aussi les siennes et les nôtres.
Et par ailleurs il y a le scandale de l’amiante, dont on ne parle plus beaucoup mais dont on n’est pas encore sorti comme en témoigne la déconstruction et la reconstruction actuellement en cours d’un collège dans le quartier où j’habite.
Encore une fois, le bris de vies multiples et l’hypocrisie des politiques, dirigeants et syndicats dans le même bateau de sauvetage qui ne pensent qu’à leur propre salut et des financiers qui n’ont rien d’autres en vue que leur profit, pour qui l’homme n’est qu’un instrument comme un autre.
De notre monde emporté est un récit bouleversant pour les lecteurs issus du monde ouvrier mais aussi pour les autres comme le souligne le lecteur, Guillaume Orsat, dans un court monologue en fin d’ouvrage qui dit son émotion à la lecture des lignes de Christian Astolfi alors qu’il vient d’une classe plus privilégiée.
Au final c’est une pépite du roman ouvrier, probablement un futur classique, qui ne laissera personne insensible.
De notre monde emporté, de Christian Astolfi est publié en livre audio par Multisonor.
La lecture de Guillaume Orsat dure 4 h45.
Le livre audio est vendu 19,99€.
Paru le 1er janvier 2023.

Je viens de lire son dernier L’oeil de la perdrix et je sais que je vais suivre cet écrivain qui a su m’émouvoir !
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Oui, effectivement l’oeil de la perdrix est plus dans l’actualité. Heureux que Christian Astolfi te plaise également.
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