Après avoir lu Juste après la vague qui ne m’avait pas particulièrement enthousiasmé, puis Et toujours les Forêts qui m’avait plu davantage, je continue de me pencher sur cette autrice au style si particulier, cette Sandrine Collette dont tellement de monde autour de moi semble épris.
Avec Madelaine avant l’aube qui figurait non seulement dans ma PAL mais aussi parmi les potentiels Prix Goncourt 2024 et qui a finalement été lauréat du Prix Goncourt des lycéens 2024, il me semblait évident que cette fois-ci l’autrice allait (enfin) m’embarquer pour de bon.

Le résumé
C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose.
Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours.
Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.
Avec Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette questionne l’ordre des choses, sonde l’instinct de révolte, et nous offre, servie par une écriture éblouissante, une ode aux liens familiaux.
Ce que j’en dis…
Sandrine Collette poursuit sa lente mais pourtant bien concrète ascension dans mes goûts de lecteur puisque Madelaine avant l’aube m’a plu au-delà des deux précédentes lectures dont je faisais mention dans l’introduction.
Comme pour les autres romans, le style est sombre, la souffrance est omniprésente et les personnages tous à plaindre. Pas très solaire autrement dit. Cette ambiance hors du temps m’a évoqué la France féodale et cela m’a intéressé. C’est vrai que de cette époque on retient surtout un système et pas spécialement l’histoire individuelle des serfs, leur pénible existence, et j’ai aimé cette incursion dans leur vécu même si ce roman n’a aucune prétention historique. (Peut-être même l’autrice n’a-t-elle jamais pensé à cette féodalité en particulier).
Par ailleurs, j’ai été totalement bluffé par la première partie et par l’identité du narrateur qui ne devient effective que lors de son décès, lorsqu’il reçoit un carreau d’arbalète dans le flanc. Je n’en dirai pas davantage pour ne pas divulgâcher mais je suis vraiment un bon client de ce genre d’exercice de style littéraire assez rare et presque toujours efficace.
J’oubliais de préciser que j’ai bénéficié de la lecture de ce livre en version audio, lecture de Clément Bresson dont le timbre particulier, le semblant de monotonie, collaient parfaitement à l’œuvre.
Il ne se passe pas grand chose, Madelaine avant l’aube n’est pas un roman d’aventure, mais chaque parole, la moindre action ou les pensées des personnages sont pesants et utiles. Il est clairement établi dans la critique et désormais dans mon propre esprit après la lecture (l’audition serait plus juste) de ce nouveau roman que Sandrine Collette est une formidable conteuse qui donne à voir et à vivre autant qu’elle raconte.
Ce roman me semble une excellente porte d’entrée dans sa bibliographie et nos lycéens de 2024 ne s’y sont pas trompés. De mon côté, je vais continuer de lire cette autrice qui me convainc lentement mais sûrement qu’elle a sa place dans ma bibliothèque personnelle.
Madelaine avant l’aube, de Sandrine Collette est publié par Audiolib.
Le livre audio dure 6 heures et 10 minutes, il est vendu 21,45€.
Paru le 21 août 2024.
