Dernier des six titres en lice pour le prix des lecteurs du festival Quais Du Polar 2025 que je lis et je peux dire que sur l’ensemble de la sélection, pas un seul ne m’a déplu !
La prochaine étape va consister en une délibération autour d’un déjeuner dans un restaurant lyonnais. J’ai vécu des situations plus pénibles.
Alors, que vaut ce Chevreuil ?

Le résumé
Tout va bien pour Connor Digby. Sujet britannique, auteur de romans jeunesse à succès, il vient de retrouver l’amour en la personne de Marceline, une femme tout à fait à sa mesure et, pour ainsi dire, tombée du ciel.
Seulement voilà, le village français dans lequel il est installé depuis une demi-douzaine d’années se met brusquement à le détester. Il faut dire que la population locale, franchement raciste et réactionnaire, n’a que cet étranger à se mettre sous les crocs.
Un vent épique se lève enfin sur ce petit coin de France, et Connor et Marceline sont bien décidés à en profiter pour rejouer la guerre de Cent Ans.
Comme toujours chez Sébastien Gendron, la vision féroce des dérives outrancières de nos sociétés passe par les situations les plus absurdes.
Ce que j’en dis…
Je ne connaissais pas Sébastien Gendron et à en juger par la couverture et la collection (La Noire, de Gallimard), j’avoue très honnêtement que je ne m’attendais pas à lire quelque chose d’aussi désopilant.
Je me suis littéralement tapé des barres de rire, des crises à n’en plus finir, obligé de refermer le livre tellement je n’en pouvais plus. Et je crois qu’on peut tous tomber d’accord pour dire que ça fait du bien.
Les deux protagonistes sont terriblement drôles. D’une part du fait du français Jane Birkinesque de Connor, d’autre part, du fait de la libido démesurée de Marceline. Cela donne lieu à des dialogues hors sol et à des situations plus que rocambolesques.
Le village de Saint-Piéjac serait une caricature s’il n’existait pas des dizaines de ses semblables à travers la France rurale. Peuplé de chasseurs et d’alcooliques notoires, certains boxant dans les deux catégories, de commères et d’une employée municipale qui s’est inventé un syndrome de la maladie de Gilles de la Tourette afin de pouvoir insulter copieusement ses voisins, Saint-Piéjac est un laboratoire dans lequel Sébastien Gendron œuvre tel un savant fou à inventer des situations plus absurdes les unes que les autres.
Certaines personnes sont choquées par la vulgarité, personnellement, elle me fait rire. Et l’auteur n’a pas usé de cet ingrédient avec parcimonie alors si elle vous déplait, je ne suis pas certain que Chevreuil vous plaise. En revanche si comme moi elle vous amuse, vous allez vous poiler, c’est certain.
La dimension polar m’a peut-être un peu plus échappé, mais qu’à cela ne tienne, j’ai passé un très bon moment de lecture et j’ai découvert à la fois une savoureuse collection et un auteur tout à fait à mon goût.
L’auteur

(c) Francesca Mantovani
Sébastien Gendron est un écrivain français. Il publie principalement des romans noirs et des romans jeunesse.
L’ensemble de son travail propose un portrait particulier de notre monde, ses conflits, ses merveilles, et des personnages qui font ce qu’ils peuvent pour ne jamais se noyer complètement.
Aujourd’hui âgé d’une cinquantaine d’années, l’auteur assume un certain pessimisme jovial.
Chevreuil, de Sébastien Gendron est publié par les éditions Gallimard.
Le livre broché de 342 pages est vendu 20€.
Paru le 4 janvier 2024.
