Riccardino, d’Andrea Camilleri

Les amoureux du commissaire Montalbano liront sans doute avec émotion cette dernière enquête du célèbre policier transalpin. Rédigé longtemps avant sa mort survenue en 2019, Riccardino devait, selon la volonté d’Andrea Camilleri clore la série des enquêtes de Montalbano. C’est chose faite.

Le résumé

Il y eut un crime et Montalbano le résolut. Ou bien… Dans cette ultime enquête, plus que jamais, les apparences sont trompeuses. Quatre amis se retrouvent dans la tourmente à la mort de l’un d’entre eux. Quand il apparaît que ce Riccardino partageait beaucoup plus qu’il n’est en général partageable avec ses meilleurs amis, la conclusion de l’affaire semble s’écrire d’elle-même. Du moins c’est ce que voudrait l’Auteur, s’invitant dans l’histoire par un tour pirandellien, au grand dam du commissaire. Mais Montalbano ne serait pas Montalbano s’il s’en laissait conter, même par son propre créateur. Montalbà, la scène est à toi !

Ce que j’en dis…

Montalbano c’est plus qu’un flic, c’est une institution : une trentaine de romans, une quinzaine de saisons dans la série télévisée italienne. Et ce phénomène ne touche pas seulement l’Italie et la France puisque l’œuvre d’Andrea Camilleri a été traduite dans une trentaine de langues.

Riccardino vient se poser comme la dernière pierre à cet édifice colossal comme une cerise sur le gâteau. À l’occasion du centenaire de la naissance de l’auteur (1925 – 2019) cette parution en français aux éditions Fleuve est agrémentée d’une préface de l’éditeur italien et d’une postface de son traducteur, saluant tous les deux la langue savoureuse de l’auteur, un patois sicilien local revisité par Camilleri qui propose donc une prose camillerienne traduite avec finesse et intelligence par Serge Quadruppani.

Outre l’aspect classiquement polardesque de ce denier opus, on apprécie particulièrement les multiples interventions de l’auteur dans la trame du roman. Le lecteur est témoin de discussions téléphoniques croustillantes entre Camilleri et Montalbà, deux héros fatigués qui ont du mal à décider de l’issue du roman. C’est à la fois drôle et touchant, on sent l’attachement que l’auteur a développé pour son personnage au fil des années et des livres. On apprécie aussi le fait que le Montalbano du roman soit secrètement jaloux de son double télévisuel, plus jeune, auquel il refuse de ressembler.

Bien entendu, une telle mise en abîme n’est pas une grande première puisque d’autres auteurs utilisent ce procédé avec un réel enthousiasme, on pense notamment à Luc Chomarat parmi les auteurs français, mais dans Riccardino, c’est moins la démonstration réussie de l’usage d’un procédé littéraire qui fait mouche que la sincérité de son auteur.

Les lecteurs fidèles apprécieront immanquablement ce dernier volet, ceux qui ne ne connaitraient pas encore ce phénomène découvriront une plume totalement inédite et des histoires à mi-chemin entre les enquêtes de San Antonio et celles de Maigret.

On referme donc ce roman comme on écoute un hommage, avec l’irrésistible envie de découvrir ou de redécouvrir l’intégralité des enquêtes du commissaire Montalbano.

L’auteur

Andrea Camilleri, né en 1925 à Porto Empedocle, a connu une consécration mondiale avec sa série consacrée au commissaire Montalbano, le « Maigret sicilien », traduite en une trentaine de langues et dont les ventes, en France seulement, dépassent désormais le million d’exemplaires. Metteur en scène de théâtre, réalisateur de télévision et scénariste, Andrea Camilleri s’est fait connaître tardivement comme romancier, mais le succès à été foudroyant. Il a créé le commissaire Montalbano en 1994, flic débonnaire et amateur de bonne chère, devenu l’une des figures du roman policier européen.

Les aventures de ce personnage haut en couleur se déclinent également en série télévisée avec l’acteur italien Lucas Zingaretti dans le rôle-titre.

Andrea Camilleri a reçu en 2014 le Prix Federico Fellini pour l’excellence artistique de son œuvre.

Auteur d’une centaine d’ouvrages, il a vendu plus de vingt millions de livres en Italie. Sa disparition le 17 juillet 2019 à l’âge de 93 ans a ému les lecteurs du monde entier.

Riccardino, d’Andrea Camilleri est publié par les éditions Fleuve.
Le livre broché de 288 pages est vendu 20,90€.
Paru le 10 avril 2025.

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