Alors que la série Chinatown, intérieur fait le bonheur des abonnés à la plateforme Disney +, je me suis consacré à la lecture d’un court recueil de nouvelles signées Charles Yu publié par les éditions Aux Forges de Vulcain : Seule sur Terre.

Le résumé
Jane est la dernière personne sur Terre et elle y tient le seul commerce restant : un magasin de souvenirs. Elle n’est pas née sur cette planète, mais ses ancêtres y habitaient avant que l’IA chargée de la géo-ingénierie ne tombe en panne; avant que les océans ne soient trop chauds pour entretenir le réseau alimentaire mondial, avant que les humains n’entreprennent la colonisation d’autres planètes…
Elle rejoindra la fac de Jupiter en automne 3020 et les jours qu’il lui reste à vendre des babioles aux touristes sont comptés. Les publicités encore diffusées à propos de la Terre évoquent des sites touristiques qui sont aujourd’hui abandonnés. Mais après avoir aidé un homme et son fils dont le vaisseau s’est échoué sur la planète, Jane découvre la vérité sur ces espaces délaissés.
Ce que j’en dis…
J’avais précédemment lu un autre recueil de nouvelles de Charles Yu, Pardon, s’il te plait, merci (Aux Forges de Vulcain 2019) et un roman, Guide de survie pour le voyageur du temps amateur (Aux Forges de Vulcain, 2016) et les deux ouvrages m’avaient également plu.
C’est donc avec plaisir que j’ai retrouvé la plume et l’humour si particulier de Charles Yu avec Seule sur Terre à qui on pourra uniquement reprocher d’être trop court ! Effectivement, trois nouvelles seulement et un peu moins de 150 pages m’auront laissé un peu sur ma faim.
Néanmoins, l’auteur y développe des thèmes qui font mouche comme la marchandisation de la Terre, poussé ici dans son aspect le plus caricatural mais qui fait réfléchir à la façon dont la planète sur laquelle nous vivons et qui devrait simplement permettre cet exercice pour des temps indéfinis est considérée comme une source d’exploitation commerciale au point d’en menacer la pérennité.
La solastalgie est au cœur de l’époque que nous vivons et pourtant, rien n’y fait, la chute semble inexorable. Charles Yu prend le parti d’y consacrer trois nouvelles futuristes dans lesquelles la Terre est définitivement perdue, où même son souvenir est menacé d’extinction. Voilà qui donne à réfléchir. Pourtant il le fait sur le ton badin de l’humour et de la dérision, loin du catastrophisme de bon aloi qui semble peut-être plus politiquement correct, mais tellement inefficace !
Mais Seule sur Terre, outre ces trois excellentes nouvelles, offre aussi un entretien inédit que Charles Yu consacra à David Meulemans, son éditeur français. Principalement articulé autour de son roman Chinatown, intérieur (Aux Forges de Vulcain, 2020), il traite de la condition des Asiatiques aux États-Unis et plus particulièrement du racisme qui tend à être la projection d’une opposition Blancs/Noirs laissant de côté les autres citoyens américains concernés comme si les USA étaient frappés par une forme de daltonisme social.
Seule sur Terre est donc un peu plus qu’un simple recueil de nouvelles et un peu moins qu’un gros recueil de nouvelles. Mais en tout cas, il mérite d’être lu.
L’auteur

Charles Yu est un auteur américain d’origine Taïwanaise, né à Los Angeles en 1976.
En 2006, La National Book Foundation invite Richard Powers à désigner le « plus grand écrivain de moins de 35 ans » des États-Unis. Richard Powers choisit Charles Yu.
Seule sur Terre, de Charles Yu est publié par les éditions Aux Forges de Vulcain.
Le livre broché de 144 pages est vendu 16€.
Paru le 15 novembre 2024.
