Brigade Babylone est un magnifique roman graphique qui traite des relations parfois tendues qui existent entre les policiers et les habitants des cités. Un constat honnête sur 168 pages en couleurs qui donne à réfléchir.

Le résumé
Maintenir à tout prix le fragile équilibre entre l’ordre de la Cité et le chaos des vies qui s’y entassent. C’est la partie sans fin qui se joue chaque jour, chaque nuit, entre les barres des quartiers sensibles, ponctuée par les cris des chouffes annonçant l’arrivée des hommes et femmes en bleu : « Babylone ! Babylone ! »
Ce que j’en dis…
Connaissant déjà dans une certaine mesure le travail de Pauline Guéna après avoir lu Reine (Denoël, 2024) qui était en sélection pour le Prix des lecteurs du festival Quais du Polar 2025 et celui de Mahi Grand après avoir lu La Conférence (Dargaud, 2022), j’attendais Brigade Babylone avec une vive impatience.
D’ailleurs, lorsque j’ai reçu l’album dans ma boite à lettres, je me suis directement installé sur ma terrasse et je l’ai lu d’une traite, remettant toute autre affaire à plus tard – en réalité je n’avais rien de réellement plus urgent à faire à ce moment-là, ça tombait bien.
Je n’ai pas été déçu, mon attente fiévreuse n’a pas été trahie.
Le thème abordé, à savoir les délicates relations entre la police de quartier et ses habitants n’est pas totalement inédit, il a déjà fait l’objet de nombreux reportages télé et d’un certain nombre de films. Mais en ce qui me concerne je ne l’avais jamais vu traité sous forme de bande dessinée.
Ce format est absolument salutaire parce qu’il est possible de le lire paisiblement. Je répète : pai-si-ble-ment. J’ai vraiment l’impression que les voix off des reportages, le public des salles de cinéma et a fortiori les commentateurs des chaines de vidéos Internet ou des réseaux sociaux contribuent grandement à amplifier la tension, à nourrir une certaine forme de haine réciproque et de violence verbale et/ou intellectuelle et à faire ainsi grandir le malaise qui existe depuis des décennies autour de cette problématique des cités.
Avec Brigade Babylone, le lecteur est seul face à l’image. Plus qu’un roman graphique, cet album est une sorte d’immersion en bande dessinée qui donne la parole tant aux policiers qu’aux habitants de cité, petits délinquants ou simples voisins. Pas de manichéisme : parmi les flics il a y des types et des nanas sympas et des fachos fatigués, comme dans la vraie vie, pareil pour les civils. Ainsi le ressenti face au dessin de Mahi Grand, à la fois simple et réaliste, n’est dicté que par la propre conscience du lecteur, sa propre sensibilité.
Les auteurs ne jugent pas, ils montrent.
Il est utile de préciser que Pauline Guéna n’a pas réalisé une œuvre de fiction basée sur sa seule imagination puisqu’elle a bénéficié de deux ans d’immersion au sein de brigades criminelles en banlieue parisienne.
J’ai donc eu un gros coup de cœur pour cette BD socialement édifiante, honnête et courageuse que j’estime véritablement d’utilité publique.
Brigade Babylone, de Pauline Guéna et Mahi Grand est publié par les éditions Denoël.
L’album grand format de 168 pages tout en couleurs est vendu 26€.
Paru le 2 avril 2025.

Une chronique qui donne envie !
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Merci !
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