C’est seulement maintenant, en l’écrivant, que je remarque le jeu de mots avec les rois du pétrole. Disons le tout de suite, ce roman est un énorme coup de cœur, et précisons le sans ambages, c’est de l’auto édition, et ouais ! Chapeau Charles R. Spessardy !

Le résumé
2032. L’Humanité est prise au piège : la Pénurie Noire sévit et dans son sillage nait un profond chaos. Douglas McMullick, un pétrolier écossais zélé et dénué de morale, est lancé dans la course à l’or noir qui agite le monde. Ce matin-là, il vient de forer le trou de trop, celui qui va changer son destin et celui de notre civilisation.
Au même moment, mille mètres plus bas dans la croûte terrestre, un rat de roche nommé Kedder Warp est appelé pour une intervention d’urgence ; les anciens dépôts de Dihr Lobbus, au fin fond de son secteur, viennent d’être percutés par un engin non-identifié. Sans prendre le temps de finir sa dernière cuillère de pentules fraîches, il charge ses jumelles et son masque à gaz dans son side-car, avant de sauter sur sa bécane. Il ne va pas rentrer de sitôt.
Véritable fable oil-punk (ou cheese-punk, selon le point de vue), le premier roman de Charles R. Spessardy raconte comment un peuple de rongeurs, vivant à mille mètres sous terre et dotés d’un don certain pour la plomberie, va faire trembler notre civilisation afin de lui extorquer du fromage.
Ce que j’en dis…
En lisant le résumé on a un peu l’impression d’une blague. Et ça tombe bien parce que j’aime bien me marrer. Mais lorsque j’ai reçu le livre en question, je me suis tout de suite rendu compte que l’auteur est loin d’être un comique : Charles R. Spessardy est fort habile. Il m’a frappé au point que je me suis senti poussé à en faire une vidéo sur Instagram, ce que je ne fais que rarement.
J’étais conquis avant même que Les rats du pétrole n’arrive à son tour dans ma liste de lecture. Mais une belle présentation ne fait pas tout. On peut avoir de bonnes idées commerciales et être un piètre écrivain. Mais manifestement, Charles R. Spessardy cumule les talents parce qu’en plus d’être astucieusement mis en avant, son roman est très bien écrit.
Il parvient à faire ce que j’aime qu’on me fasse en littérature et plus précisément en littérature de l’imaginaire : me faire croire à ce que je lis. Une espèce de rats antérieure à l’homo sapiens, beaucoup plus évoluée, capable de vivre à 1000 mètres sous terre, d’y avoir étendu un réseau de communication et une agriculture souterraine alimentée par un éclairage artificiel et une irrigation phréatique. Non pas une société mais deux, rivales, comme en surface, et même des rats indépendants, neutres, apolitiques et amoureux de bière et de jazz. Tout cela, et bien plus, on y croit, on lit, on ne remet rien en question parce que c’est savamment amené.
Et il y cette ancienne prophétie qui disait que les rats auraient un jour du fromage à profusion… Alors qu’ils ont autour d’eux des nappes pétrolifères inconnues de la surface, il suffit d’échanger le pétrole contre de l’emmental. Barré ? Oui, complètement, mais cohérent du début à la fin, sans longueur, sans ventre mou, avec une orthographe irréprochable et de vénielles coquilles qui n’altèrent ni le sens ni le rythme.
En plus, c’est un premier tome : Rats de roche 1. Qu’on se mette d’accord dès le début : que Rats de roche soit une trilogie, une quadrilogie ou une saga en 24 tomes, le premier volet m’a donné envie de m’embarquer dans cette histoire jusqu’à la fin !
Et j’achève mon dithyrambe sur cette idée : bien que l’on attende la suite avec impatience, ce premier tome n’est pas juste une simple introduction, c’est un roman à part entière auquel il ne manque rien, sauf le lectorat qu’il mérite de conquérir.
L’auteur

Charles R. Spessardy vit non loin des monts du Sud, en France.
Bercé dans la science-fiction dès le plus jeune âge, il s’est d’abord tourné vers une carrière scientifique où il a appris à fabriquer des panneaux solaires en vaporisant des métaux rares sous vide, avant de se tourner vers le transfert de technologies.
Passionné depuis toujours par les œuvres de l’imaginaire, il s’est lancé en 2019 dans l’écriture du cycle des Rats de Roche ainsi que de quelques nouvelles de science-fiction.
Aux dires de certains, Spessardy disposerait d’une étonnante maitrise de la langue günzienne.
Les Rats du pétrole, de Charles R. Spessardy est publié par Librinova.
Le livre broché de 360 pages est vendu 21,90€.
Paru le 25 octobre 2024.
