Alors que les éditeurs et les illustrateurs rivalisent de talent et d’inventivité pour nous offrir des premières de couverture attrayantes, c’est précisément la neutralité minimaliste de la couverture de Ross qui m’a tout de suite donné envie d’en savoir plus lorsque je l’ai vue au catalogue de NetGalley.

Le résumé

Ross, jeune homme mal dans sa peau, ne sait que faire de sa vie en dehors de sa passion pour l’informatique. Il aimerait impressionner Julia, sa seule amie, dont il est secrètement amoureux. Mais tout ce qu’il entreprend semble voué à l’échec.

Jusqu’à ce qu’il rencontre Robert, un rebelle charismatique, grand adepte de la philosophie libertarienne, qui déborde d’idées pour s’enrichir. Une en particulier : créer un site web où l’on pourrait vendre et acheter des stupéfiants aux quatre coins de la planète.

Ainsi va naître Silk Road.

Entre ses compétences limitées, le succès fulgurant de la plateforme et la pression de Robert, Ross enchaîne les coups de stress. Sans compter que très vite, Jared, un lugubre employé des douanes postales, et un agent du FBI, missionné par une sénatrice aux dents longues, se donnent pour objectif de le coincer.

Empreint d’un suspense imparable, Ross s’inspire ouvertement de la vie de Ross Ulbricht, que Donald Trump a récemment fait libérer. Ce roman fascinant déploie une galerie de personnages inoubliables à travers l’Amérique des no man’s land et des quartiers malfamés, jusqu’aux plages du Nicaragua. Mais c’est surtout dans les bas-fonds d’Internet et dans l’esprit labyrinthique d’un être insaisissable qu’il nous entraîne.

Ce que j’en dis…

Ce roman tient à la fois de la biographie et du manifeste libertarien. Notons que même s’il raconte sans le dire l’histoire de Ross Ulbricht, il n’est nullement besoin de connaître ce personnage puisque le roman ne se revendique pas comme une biographie.

S’il n’était inspiré d’une histoire vraie, on pourrait dire de ce roman qu’il s’agit d’une histoire tout à fait originale : disons que Ross Ulbricht a eu une idée tout à fait originale et que Renaud du Peloux a probablement voulu lui rendre une sorte d’hommage.

C’est réussi !

La relation compliquée entre Ross et Julia fait immanquablement penser à celle qui rassemble Tyler Durden et Marla dans le roman de Chuck Palahniuk, Fight Club (Gallimard, 1999) qui donna lieu au film éponyme de David Fincher sorti la même année avec Edward Norton, Brad Pitt et Helena Bonham Carter dans les rôles principaux.

Voilà un peu l’univers dans lequel on navigue, un truc à la fois tordu et alléchant, une alternative à une société sclérosée par un gouvernement dépassé par les attentes du peuple qu’il se propose d’administrer sans le connaître. Une alternative amorale et potentiellement violente, libertaire et souvent irresponsable.

Je ne connaissais pas l’auteur mais j’ai tout de suite été séduit par son univers. J’ai vu qu’il avait aussi écrit un essai aux Presses Universitaires de France sur la série Sons of Anarchy et son succès en France. Alléchant.

Ross est donc une très chouette découverte et je garde un œil curieux sur son auteur et ses prochaines productions.

L’auteur

Renaud du Peloux fait carrière dans la tech, à Paris et à New York. Philosophe de formation, il se passionne pour la pensée libertarienne.

Il est diplômé d’un M.A. en philosophie de l’Université Paris-Sorbonne (2002-2007) et a suivi une formation de Data Analyst chez Le Wagon (2025).

Il a vécu aux États-Unis, où il a été directeur des programmes de la chaîne de télévision internationale Eurochannel (2009-2013), qui propose du cinéma d’auteur et des séries, et co-fondateur de l’agence Sublime (2013-2018). Depuis 2023, il est directeur marketing de Global Climate Initiatives, une entreprise de logiciels à Paris.

Ross, de Renaud du Peloux est publié par les éditions Le Cherche-Midi.
Le livre broché de 512 pages est vendu 22,50€.
Paru le 15 mai 2025.