Personne sur cette terre, de Victor del Arbol

Quand tu es bien en phase avec ta bibliothécaire, tu n’as même plus besoin de lui demander des recommandations, elle choisit les livres pour toi. C’est en tout cas ce qui m’a valu de lire Personne sur cette terre de Victor del Arbol : Christine me l’a posé sur la table en disant : « je viens de le recevoir, il va te plaire ».

Le résumé

Galice 1975, un enfant assiste à l’incendie criminel de sa maison et au meurtre de son père.
Barcelone 2005, l’homme qu’il est devenu semble avoir enfreint toutes les règles éthiques et morales qu’il s’était fixées en entrant dans la police.
Au fil de ces trois décennies : des villageois chassent en meute pour protéger leurs secrets, des serments d’amitié éternelle se fracassent contre l’intérêt supérieur de la Famille, la cocaïne mexicaine remplace le vieux bourbon irlandais de contrebande, des hommes puissants avec des masques de loup abusent d’enfants rêveurs et un tueur à gage aux yeux noirs exécute les ordres avec une humanité déconcertante.

Ce que j’en dis…

Christine ne s’est pas du tout trompée, ce roman m’a effectivement beaucoup plu.

Je ne connaissais pas Victor del Arbol. Il m’amène à penser que je ne mesure peut-être pas encore à quel point j’apprécie la littérature espagnole. En fait j’en ai peu lu, mais toujours avec un immense plaisir : Carlos Ruiz Zafon et Juan Gomez-Jurado qui me viennent en premier à l’esprit m’ont réellement enchanté. Pour compléter le trio d’enchanteurs je peux donc ajouter Victor del Arbol. Et il serait certainement intéressant que je me penche un peu plus sur cette littérature transpyrénéenne décidément très qualitative. Je le note pour plus tard…

Personne sur cette terre est un roman délicieusement noir. L’auteur utilise les leviers bien huilés du thriller pour amener le lecteur à tourner les pages avec impatience en dépit du sentiment de mal-être qui s’installe petit à petit au fil des chapitres.

Un flic suspendu de ses fonctions après avoir passé à tabac un quidam qui se trouve à présent dans le coma et qui refuse obstinément de fournir des explications à ce sujet, des jeunes garçons violés par un homme au masque de loup, un commissaire corrompu, une famille plongée jusqu’aux coudes dans le trafic de drogue depuis plusieurs générations, quant tout ça finit par se rejoindre et se compléter, ça fait forcément des gerbes d’étincelles de plusieurs mètres de haut. Les lunettes de soudeur sont diablement recommandées !

Des chapitres courts, des phrases sentencieuses et lapidaires aux allures de punchlines, une ambiance lourde dans laquelle l’humanité tente de percer sans succès, des héros trop tendres dans un monde trop dur qui développent une carapace hérissée de pointes acérées et empoisonnées, voilà un peu l’univers qu’érige lentement mais sûrement un Victor del Arbol aguerri et talentueux.

L’auteur

Víctor del Árbol est un auteur espagnol qui a deux passions, l’écriture et les femmes. A commencer par sa mère, dont il est très proche et à qui il confie à 8 ans : « Quand je serai grand, je serai écrivain. » Sa maman l’a eu très jeune, à 14 ans. Malgré ses origines très modestes, elle a toujours encouragé son fils, lui répétant à l’envi : « Il ne faut jamais renoncer à ses rêves. »

Issu d’un quartier « très difficile » de Barcelone, ce « fils de l’immigration », comme il se définit, et aîné de six enfants trouve refuge très jeune dans le monde des livres. Et notamment à la bibliothèque de son quartier, où il passe des heures. « Je ne savais pas encore écrire que j’inventais des histoires », se souvient-il. Depuis qu’il a appris à utiliser un stylo, il tient quotidiennement un journal. Les rencontres ont fait le reste.

Il commença jeune homme sans croire en l’Eglise mais en Dieu, et il devint séminariste. Cependant il va tomber amoureux. Il quitta donc sa robe de foi et parti voyager trois ans. Il passera par l’Amérique du Sud, et notamment l’Argentine.

Il fait ses études supérieures en histoire à l’Université de Barcelone. Víctor del Arbol (Barcelone, 1968) a été mosso d’esquadra de 1992 à 2012 et a étudié l’histoire. Il participe également à une émission radiophonique de Ràdio Estel. En 2018, il est nommé chevalier des arts et des lettres de la République française.

Il amorce une carrière d’écrivain avec la publication en 2006 du roman policier « Le poids des morts » (« El peso de los muertos »). C’est toutefois la parution en 2011 de « La tristesse du samouraï » (« La tristeza del samurai »), traduit en une douzaine de langues et best-seller en France, qui lui apporte la notoriété. Pour ce roman, il remporte plusieurs distinctions, notamment le prix du polar européen 2012.

En 2015, son roman « Toutes les vagues de l’océan » (« Un millón de gotas », 2014) remporte le grand prix de littérature policière du meilleur roman étranger et en 2018 le prix SNCF du polar 2018.

En 2016, il reçoit le prix Nadal pour « La veille de presque tout » (« La víspera de casi todo », 2016). En 2017, il publie « Par-delà la pluie » (« Por encima de la lluvia »).

Personne sur cette terre, de Victor del Arbol est publié aux éditions Actes Sud.
Le livre broché de 352 pages est vendu 23,50€.
Paru le 7 mai 2025.

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