Je ne me lasse pas de participer aux différentes masses critiques organisées par l’incontournable site Babelio.
Celle consacrée à la non fiction n’est pas ma préférée mais j’y prends volontiers part car elle me fait toujours sortir de ma zone de confort.
À titre d’exemple, Comment nos voyages parlent de nous ? est précisément le genre de bouquin que j’aurais peut-être pris en main en librairie, qui aurait excité ma curiosité mais que j’aurais renoncé à acheter : pas mon style.

Le résumé
« Nous bougeons tous. Mobiles, nous nous déplaçons et circulons sans cesse. Être animé est par définition le propre de l’animal humain comme de ses semblables. Mais voyager, c’est autre chose… »
Qu’est-ce que nos voyages disent de vous ? On a tendance à réduire la question de la mobilité à celle des « flux », mais il y a bien d’autres mobilités, avec des origines, des buts. Quand on évoque la mobilité liée aux loisirs, on l’associe tout de suite au tourisme, alors que dans la plupart des cas, les deux n’ont rien à voir. Un voyage à l’étranger, même hors du cadre du travail, n’a pas forcément une vocation touristique. On nie les raisons et imaginaires qui ont précédé l’existence du déplacement. Le voyage en dit beaucoup sur nous, nos habitudes, nos existences. Il convient d’être étudié et analysé pour ce qu’il est, et non pas comme un simple critère accolé au tourisme. Une analyse fine et détaillée du voyage par un spécialiste de la mobilité, toujours à l’écoute des questionnements actuels.
Ce que j’en dis…
Ce bouquin m’a laissé une drôle d’impression : j’ai pris plaisir à le lire mais je n’en ai pas retiré grand chose. Je n’ai pas le sentiment d’avoir trouvé de réponse à la question posée en titre et ça ne me dérange pas vraiment au fond. Je ne me la posais pas à priori.
Le style m’a amusé. Exemple :
Mais si intéressantes que soient ces conceptions anthropomorphes du voyage (conçu donc comme un individu autosuffisant) et les visions allégoriques de son vécu qui peuvent dès lors en découler, elles enferment cependant son expérience, ses raisons et ses buts dans une thématique du conflit qui, si l’on ne s’en tient qu’à elle, écarte, ou du moins secondarise, la question du projet.
Je pourrais poursuivre à l’envie mais je m’arrête là, on aura compris l’idée.
Ceci dit son propos est extrêmement étayé et sourcé. Mais, ignare que je suis, je ne sais pas à quel genre de science je me suis trouvé confronté : sociologie, ethnologie, anthropologie ou un mélange de tout cela. Toujours est-il que cela ne m’a pas particulièrement enrichi.
Évidemment je ne fais certainement pas partie du public ciblé, certainement davantage du type universitaire ou pseudo intellectuel qui aime à penser comme on tourne en rond.
Une chose demeure certaine, Jean-Didier Urbain est penché sur son sujet comme personne et à part une balle perdue (de gros calibre) tirée sur Bernard Lavilliers à bout portant je ne trouve rien à lui reprocher. (Je déteste la violence gratuite). En revanche l’auteur semble aimer les touristes et prendre leur défense. Je suis du lot donc j’apprécie.
Merci donc à Jean-Didier Urbain, aux éditions de l’aube et à Babelio pour ce pas de côté.
L’auteur

Jean-Didier Urbain est sémiologue, ethnologue et anthropologue. Il est notamment l’auteur de L’idiot du voyage. Histoires de touristes (Payot).
Comment nos voyages parlent de nous ? de Jean-Didier Urbain est publié par les éditions de l’aube.
Le livre broché de 256 pages est vendu 22€.
Paru le14 mai 2025.
