C’est le quatrième livre que je lis dans le cadre du Prix du roman FNAC 2025. Il y a 300 livres en compétition, je ne les lirai évidemment pas tous mais je suis ravi d’avoir lu celui-là .

Le résumé
Gabriel est encore fou amoureux de son ex-femme, Eden. Aussi, quand elle lui demande d’emmener leur fils, Tom, dans une maison de campagne qu’elle a louée pendant le confinement, il râle mais obéit. Infirmière à l’hôpital, Eden tarde à les rejoindre. Gabriel et Tom se retrouvent seuls dans un lieu qui leur est étranger. Il va falloir faire avec. Mais, la nuit, dans cette maison, des objets bougent et on entend des pleurs. Tout devient inquiétant. Le voisinage aussi. Un propriétaire absent, un pisteur de loups, un décorateur de cinéma, un garçon boucher et une chienne blanche se relaient pour les entourer, les aider, les coller et ne plus les lâcher. Quant à Eden, elle a disparu.
Avec ce premier roman d’une rare maîtrise, envoûtant et haletant, Maïa Thiriet nous livre un huis clos aux airs de thriller, dans lequel l’amour et la folie ne sont jamais très éloignés.
Ce que j’en dis…
J’ai découvert très récemment les éditions Emmanuelle Collas avec Les béliers d’Ahmed Fouad Bouas et j’ai d’abord eu le plaisir de retrouver une illustration de couverture absolument somptueuse, détail qui m’avait déjà frappé avec le roman précédent.
L’histoire est très différente mais je peux le dire sans préambule : c’est un énorme coup de cœur. Au commencement je croyais que j’allais retrouver un livre dans l’esprit d’En attendant Godot de Samuel Beckett mais non.
Maïa Thiriet nous emmène dans une atmosphère plus inquiétante, aux confins de la folie ; elle crée avec talent une ambiance dérangeante, de plus en plus suffocante et nous réserve un final absolument étourdissant qui m’a laissé sans voix, presque sans énergie.
Il m’arrive régulièrement – et c’est une excellente chose – de lire des premiers romans qui révèlent une incroyable maitrise de la part de leur auteur(e). Avec Sans Eden, cela relève de l’euphémisme. C’est à un tel point que j’en ai du mal à trouver mes mots.
Maïa Thiriet ne multiplie pas les effets, elle en use simplement et avec talent. La tension narrative est savamment dosée, les fausses pistes propres au thriller ne sont pas non plus nombreuses mais elles font mouche avec puissance. Et ce final tellement inattendu…
Au fil des pages de Sans Eden notre empathie ne cesse de croitre. On a peur pour Tom lorsqu’on sent que l’état psychique de Gabriel se complique. Pourtant, comme lui on commence à se méfier aussi des voisins… Le trouble grandit et gagne le lecteur qui termine chancelant, ébouriffé.
En plus, il semble évident que Maïa Thiriet n’a pas donné tout ce qu’elle avait dans le ventre avec ce premier roman mais qu’elle se présente juste dans un univers littéraire dans lequel elle va prendre une place de plus en plus importante. Ce n’est pas prophétique, simplement logique.
En ce qui me concerne en tout cas, je ne suis pas près de la lâcher et Sans Eden fera immanquablement partie des livres que je vais non seulement conseiller mais aussi offrir pour la rentrée littéraire 2025. Et je ne serais vraiment pas surpris qu’il finisse dans la sélection finale des 30 romans FNAC de la rentrée.
L’autrice

Née à Montpellier, Maïa Thiriet a longtemps travaillé au Centre National du Livre. Elle a beaucoup écrit pour le cinéma et réalisé plusieurs courts et moyens métrages. Sans Eden est son premier roman.
Sans Eden, de Maïa Thiriet est publié par les éditions Emmanuelle Collas.
Le livre broché de 288 pages est vendu 21,90€.
Paru le 29 août 2025.
