Le livre du mois : Haut les têtes, de Gabriel Saillard

C’est le deuxième livre que je lis en partenariat avec la Librairie 47°Nord et il possède un point commun avec Tout va bien se passer, c’est qu’il sort vraiment de l’ordinaire.

Premier roman aux éditions Intervalles, inclassable, entre autofiction, œuvre politique et historique, Haut les têtes révèle un auteur, Gabriel Saillard, qu’il sera difficile d’étiqueter.

Le résumé

Paul est avocat dans un grand cabinet parisien. Féru d’histoire, il s’est lancé dans l’écriture d’un livre sur Georges Clémenceau et Winston Churchill. Pendant ce temps, à l’Assemblée nationale, l’avancement posthume d’Alfred Dreyfus au grade de général de division fait bondir les extrêmes de tous bords et embrase le débat public. Et si le projet littéraire de Paul s’avérait plus délicat que prévu ?

Haut les têtes est un roman mordant et enlevé sur la liberté d’expression à l’heure de l’affaissement culturel. Dans une époque minée par les dérives identitaires et les ravages du conformisme, le personnage de Paul, bercé par un imaginaire fait de Krak des chevaliers et de cadets de Gascogne, nous plonge dans la folie d’un monde où même les hussards les plus hardis peinent à garder la tête haute.

Ce que j’en dis…

J’ai connu une difficulté particulière avec Haut les têtes, celle ne n’être parvenu à aucun moment à m’identifier au personnage principal. Paul et moi n’avons absolument rien en commun. Avocat parisien qui n’aime pas du tout son travail, il évolue dans un quartier très bourgeois qui m’est presque totalement inconnu, il fréquente une Secrétaire d’état, c’est dire si nos monde sont loin de se rejoindre et je pourrais citer d’autres exemples. Et pourtant.

Et pourtant je me suis grandement intéressé à ce parcours qu’il nous narre, à son intérêt pour les débats de l’assemblée nationale et à sa fine analyse de la scène politique actuelle, aux dérives du wokisme et de la bien-pensance. Alors même que ne ne suis absolument pas du tout le déroulé de cette sphère politique au quotidien et que le sujet continuera à m’indifférer totalement après cette lecture.

C’est la même chose pour le sujet de son livre : un entretien imaginaire mais réaliste entre Georges Clémenceau et Winston Churchill. Vraiment le genre de livre que je ne lirais probablement jamais. Et pourtant.

Et pourtant, je me suis intéressé aux difficultés éditoriales rencontrés par la maison qui accepte de publier son livre à condition qu’il édulcore certains passages qui pourraient donner à penser… que l’auteur ne pense pas comme il faut !

Un drôle de roman donc, aux antipodes de mes habitudes de lecture et de mes centres d’intérêt et que j’ai pourtant lu avec plaisir et envie. En dépit de l’usage systématique de l’imparfait du subjonctif d’un bout à l’autre de l’ouvrage je ne l’ai trouvé ni lourd ni pédant.

La question que je me pose au bout du compte est assez étrange : est-ce qu’il y a une littérature qui s’adresse à une certaine classe sociale? Est-ce que Haut les têtes s’adresse à une classe moyenne supérieure parisienne, gaulliste et conservatrice ? Si c’est le cas, je n’étais pas du tout le public visé, je me suis pris une balle perdue. Mais elle m’a touché en pleine tête, à défaut d’atteindre le cœur.

L’auteur

Crédit photo Édouard Brane

Gabriel Saillard est né à Paris en 1985. Après des études de droit, il part travailler à New Delhi puis devient avocat. Il exerce en contentieux avant de quitter le barreau de Paris en 2021. Haut les têtes est son premier roman.

La librairie 47°Nord

C’est elle qui m’a offert Haut les têtes et elle mérite le détour.

Au cœur de la ville, dans la maison Engelmann dédiée aux saveurs et à la culture, la librairie 47° Nord vous fait redécouvrir la latitude de Mulhouse et annonce d’emblée la couleur : « Vous avez toute latitude » ! Car 47° Nord est avant tout un espace de liberté, chaleureux et accueillant, qui invite le lecteur au voyage et à la découverte.

Haut les têtes, de Gabriel Saillard est publié par les éditions Intervalles.
Le livre broché de 256 pages est vendu 19€.
Paru le 15 janvier 2025.

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