Franz K : Le multivers Kafkaïen

Quand j’ai su que Kafka allait être adapté au cinéma, j’ai tout de suite pensé à une adaptation d’un de ses livres. J’ai pensé à la Métamorphose, ce livre que j’ai étudié à l’école en cours de français, qui m’a fait découvrir cet auteur. Qui m’a tant subjugué que j’ai pris goût aux cours de français, il faut dire que l’école et moi, ça a toujours été compliqué…

Et bien ici non…

Agnieszka Holland (la réalisatrice) se lance le défi de proposer un biopic sur la vie de Franz Kafka, un choix qui m’a paru alléchant ; il est plus difficile de proposer un biopic sur la vie d’un auteur que de proposer une adaptation d’une de ses œuvres, d’autant plus quand on connait la qualité d’écriture et les possibilités d’adaptation sur grand écran de l’auteur en question.

On pense tous à La Métamorphose qui s’est déclinée en plusieurs adaptations cinématographiques, ç’aurait été un choix de facilité d’adapter une œuvre, la plus récente de Chris Swanton n’est pas si lointaine (2012), et le thème de la métamorphose fonctionne très bien avec les effets spéciaux modernes.



Je disais, l’idée m’a paru assez saugrenue, que je ne pouvais rater ce film, Kafka étant aussi devenu, en grandissant, un de mes pilastres en termes de littérature. Malgré le manque de développement sur le processus créatif de l’auteur, j’ai été transporté par le courant immersif et fragmenté du film. Franz K. ne suit pas un déroulé linéaire : les spectateur.ices pénètrent dans la tête de l’écrivain, entre ses angoisses, ses visions et ses moments de lucidité. Au-delà des mots, on perçoit, sans équivoque, la profondeur, la sensibilité et la neuro-divergence probable de l’homme dans un temps où il n’était pas questionnable de redéfinir les codes masculins.

On le ressent d’autant plus avec le contraste entre Franz Kafka et son père, une incarnation machiste en adéquation avec son temps, interprété par Peter Kruth. La multi temporalité est accompagnée de scènes d’aparté ou les acteurs brisent le 4ᵉ mur, donnant ainsi une impression d’être dans un documentaire tout étant dans une fiction. Holland a construit son film à l’image de son auteur « Kafkaïen », le tout s’imbrique, mais la perception est floue, étrange, pour preuve les scènes dans notre époque, dans les musées, montrant le génie qu’il deviendra bien après son époque.


Retour vers le futur

Un très bel hommage donc, au-delà du mythe, d’un homme d’un autre temps pourtant bien ancré dans notre époque. Petite mention spéciale à l’acteur principal: Idan Weiss, qui ressemble à s’y méprendre à Kafka, auteur d’une très belle prestation.


À bientôt dans les salles, en attendant, ne vous métamorphosez pas en cafard…

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