Le plus vieux métier du monde, de Myriam Gallot

L’occasion de découvrir une belle collection chez Actes Sud jeunesse. Nommée d’une seule voix, elle propose de véritables shots littéraires, des textes courts, percutants, à lire pour soi ou à dire à voix haute.

De le littérature jeunesse donc, à destination des ados à partir de 14 ans, qui devrait connaître beaucoup de succès à en juger d’après la qualité de cet excellent texte que j’ai découvert avec grand plaisir.

Le résumé

La conseillère d’orientation, les profs, ses parents ont décidé pour lui. Pas au niveau pour le bac général. Alors, « Métier de bouche » par défaut. Même si la chair morte le dégoûte, il commence son apprentissage cher Monsieur Pascal. il accepte passivement son destin alors qu’à l’intérieur il brûle. Il n’y a que dans les jeux vidéos qu’il se sent libre, qu’il peut être enfin lui, dans une autre vie que la sienne.

Ce que j’en dis …

Tout m’a plu dans ce livre, du début à la fin : le fond et la forme, sa modernité et la justesse de son propos. Et autant que je puisse en juger, il m’a semblé en totale connexion avec les préoccupations de la jeunesse actuelle. Un lecteur de quelques décennies de moins que moi pourra mieux en juger et je l’invite vraiment à se faire son propre avis.

Parce que c’est vraiment aux ados que ce livre s’adresse, avec intelligence et empathie et même quelques extraits audios à flash coder.

L’histoire de ce garçon en proie à des difficultés scolaires, en froid avec ses parents, en décalage avec le monde adulte et se trouvant à emprunter malgré lui la voie de l’apprentissage dans un métier pas très glamour m’a séduit par son universalisme.

Qui dira que l’adolescence est une période de la vie particulièrement exaltante et épanouissante le fera avec certainement beaucoup de recul, avec une mémoire sélective et à l’imparfait… Parce que pour nombre d’entre eux, les adolescents sont plutôt angoissés qu’exaltés par l’avenir qui s’offre à eux.

Pourtant il apparait dans ce texte effectivement court, effectivement percutant, que l’apprentissage peut constituer une porte d’accès à un moyen de trouver sa place dans le monde des adultes qui faute de tendre les bras aux plus jeunes semble les attendre au tournant. Des professionnels enthousiastes, passionnés, bienveillants qui offrent un autre portrait que celui des parents qu’on aborde parfois avec une certaine dose d’incompréhension.

Ayant eu le privilège de suivre moi-même la voie de l’apprentissage dans un autre métier de bouche, la boulangerie, je déplore cependant que, aujourd’hui encore, cette orientation professionnelle continue d’être dépeinte comme un choix de deuxième ou de troisième catégorie, un métier réservé à ceux qui n’ont pas les moyens intellectuels de se montrer plus ambitieux.

Que la pensée publique se rassure, on peut être manuel et intellectuel, tout comme on peut n’être aucun des deux. Mais nous vivons dans un monde que les étiquettes rassurent, même si elles sont passablement mensongères, à l’instar de ces barquettes de boucherie qui prétendent vous faire manger du bœuf, quand il s’agit de vache dans la plupart des cas.

Sous la plume de Myriam Gallot, j’ai appris avec inquiétude et compassion l’existence d’un mouvement d’origine japonaise, les hikimori, des jeunes hommes cloîtrés volontairement dans leur chambre, qui n’ont pour occupation que la télé et l’ordi et fuient toute interaction dans la vie réelle.

J’ai bien peur que le Japon ne soit pas le seul pays touché par cette vague de désespoir.

Pourvu que Le plus vieux métier du monde puisse montrer à certains jeunes en manque d’enthousiasme qu’il existe une possibilité de s’épanouir dans le travail.

Sinon, qu’ils puissent au mois s’épanouir dans la lecture de ce livre.

Le plus vieux métier de monde, de Myriam Gallot est édité par Actes Sud jeunesse.
Le libre broché de 80 pages est vendu 11,50 €.
Paru en avril 2023.

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