La haine ordinaire, Des vies percutées par le racisme

Les éditions du Seuil et Mediapart proposent ce livre rédigé par un collectif d’auteur.es sous la direction de Mathilde Mathieu dans la collection Enquête de sens.

Dans sa Masse Critique de juin, Babelio propose des ouvrages non-fictionnels, c’est dans ce cadre que j’ai pu lire La haine ordinaire.

Le résumé

Un village de Justes où l’installation d’un entrepreneur prénommé Yassine déclenche les pires rumeurs, jusqu’à un incendie ; une fanfare étudiante où Jonas, appelé « le Juif », est sommé de « bouffer » un coeur de porc ; une mère rom accusée à tort de frapper son enfant ; deux jeunes hommes noirs lynchés lors d’une fête de village …

A travers une sélection d’histoires singulières, ce livre donne la parole aux victimes de racisme, invisibilisées et toujours assignées à la « discrétion ». Toutes décrivent à quel point le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie se diffusent dans la société, percutent les corps, s’immiscent dans les quotidiens, fragilisent les intimités. Quels circuits cette haine a-t-elle empruntés ? Où sont les responsabilités politiques ? Et pour chaque agression, chaque insulte, comment la justice réagit-elle ?

Ces enquêtes, publiées initialement dans la série de Mediapart « Chroniques de la haine ordinaire », sont suivies d’entretien inédits avec des spécialistes (sociologues, historien.nes, etc.) qui éclairent la mécanique raciste et donnent des pistes pour la combattre.

Dix journalistes et collaborateurs réguliers de Mediapart signent cet ouvrage sous la direction de Mathilde Mathieu, responsable du service Société.

Ce que j’en dis …

Pour le coup, on aurait préféré qu’il s’agisse d’une œuvre fictionnelle …

J’ai aimé lire cet ouvrage documentaire qui rapporte des faits de société qu’on pourrait qualifier de faits divers. Sauf qu’en fait, ici c’est la diversité qui se trouve menacée.

Le racisme ne date pas d’hier. En revanche l’antiracisme tend à s’essouffler et alors que les logiques suprémacistes appartenaient hier à des groupes et même plutôt des groupuscules d’extrême-droite, c’est aujourd’hui la classe politique française dans son ensemble, pour ne pas dire sa totalité, qui s’empare de cette énergie destructrice et donne une direction morale voire mentale aux citoyens qu’elle gouverne.

Il en ressort un discours et des actes qui montrent à quel point cette façon de penser est devenue presque consensuelle.

Chacune des dix histoires de ce livre est écrite par un journaliste qui a cherché à rencontrer les différents protagonistes: victimes, témoins et agresseurs. Ce qui m’a marqué et ce que je vérifie au quotidien (ma famille étant presque une caricature de ce qui peut se faire de mieux (ou de pire aux yeux de certains) pour ce qui est de contenir des minorités mises à l’index), c’est que la même litanie revient comme une réponse évidente : « Ce n’était pas méchant, juste pour plaisanter. »

Non. Je tiens à le redire avec force : le racisme c’est méchant et ce n’est pas drôle du tout ! Et que les choses soient claires : on ne peut pas être raciste à bon droit !

Ceci n’est pas une opinion politique. C’est une évidence.

Évidemment, La haine ordinaire n’est probablement pas de nature à faire bouger les lignes.

Les cœurs sont à réformer, bien plus que les institutions, et les gens qui liront ce livre auront déjà une sensibilité particulière, ainsi que ceux qui le critiqueront sans doute.

Ceci dit, il est bon d’être informé et j’ai beaucoup apprécié que chaque fait soit suivi d’une analyse autour de la problématique particulière qu’il fait ressortir (antisémitisme, islamophobie, antitsiganisme, suprémacisme blanc, etc.).

Bien que le fait de posséder un bagage universitaire ne suffise pas à bénéficier d’une intelligence supérieure, j’avoue être plus prompt à écouter les explications d’une chercheuse du CNRS qu’à lire des commentaires haineux sur les réseaux sociaux.

Chacun ses sources.

La haine ordinaire, Des vies percutées par le racisme, sous la direction de Mathilde Mathieu est coédité par Le Seuil et Mediapart.
Le livre broché de 192 pages est vendu 18,90€.
Paru le 5 mai 2023.

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