La Femme d’après, d’Arnaud Friedmann

C’est étrange parfois de constater que des lectures qui se présentent à moi plutôt que je ne les choisis peuvent se succéder et avoir tellement de points communs.

Ainsi, dans L’âme à l’amour tranché, Anne-Marie Claire nous livre le récit d’une reconstruction psychique faisant suite à une agression sexuelle et dans La Femme d’après, Arnaud Friedmann raconte l’histoire d’une non-agression et de ses suites psychologiques.

Ce n’est pas la même intrigue, certes, mais les deux œuvres présentent des similarités.

En voici une : ces deux livres sont magnifiques.

Le résumé

Une nuit d’août 2009, une femme regagne sa chambre d’hôtel après une soirée qu’elle a partagé avec un homme qui fut un amour de jeunesse vingt ans auparavant.

Dans une rue de Montpellier, elle se retrouve face à quatre jeunes hommes à l’allure menaçante. Le meneur l’apostrophe, ils échangent quelques paroles, il l’insulte puis les quatre l’abandonnent sans que l’agression n’aille plus loin.

Le lendemain, la femme apprend que peu de temps après cette rencontre nocturne, une jeune femme a été assassinée quelques rues plus loin. Le tueur est celui qui l’a épargnée, elle.

S’ensuit une réflexion douloureuse qui flirte de plus en plus avec une psychose caractérisée : pourquoi ne m’a-t-il pas tuée, moi ?

Le récit est livré à la première personne, l’immersion dans l’esprit de la femme est total et prégnant, que le lecteur soit une femme ou un homme.

Ce que j’en dis …

Quel habile tour de force !

J’ai cessé d’être une homme durant la lecture de ce bouquin, tout habité que j’étais par la pensée de La Femme d’avant.

Bien que la forme soit différente, l’intention m’a contraint à me rappeler la lecture de Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme de Stefan Zweig. Je ne sais pas si c’est fait exprès mais je crois bien que j’ai envie d’éclaircir ce point, et d’autres, avec Arnaud Friedmann.

Dans les deux cas, ce qui marque, c’est la façon dont l’auteur masculin a su raconter l’histoire d’une femme à la première personne du singulier avec une telle justesse que c’en est déconcertant.

Par ailleurs, La femme d’après explore les conséquence d’une non-agression, troublante originalité.

Prisonnier dans cette âme de femme, je me suis laissé progressivement gagner par son malaise, son mal-être. Lorsque je racontai cette histoire à mon entourage, j’avais le drôle de sentiment d’être incomprise.

Mes interlocuteurs étaient définitifs: « Elle est folle ». Et moi : « Non, vous ne comprenez pas, elle vieillit. »

Parce que ce livre parle des ravages du temps, de la trahison du corps, de la vacuité de l’enveloppe. Et là, pas besoin d’être une femme pour comprendre. Avoir plus de cinquante ans suffit à se sentir concerné.

Ce roman vient de paraitre et je ne peux que vous le recommander.

La Femme d’après, d’Arnaud Friedmann est édité par

La Manufacture de livres.

C’est un livre broché de 200 pages vendu 18,90€ chez votre libraire préféré.

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