Réalisateur : Martin Bourboulon
Date de sortie : 05 avril 2023
Voilà bien une œuvre romanesque qui à mainte et mainte fois été portée à l’écran. Tantôt américaine, tantôt anglaise, sur un ton épic, décalé, et même carrément parodique, en film, en série, en dessin animé ou en bande dessinée, cette histoire est très ancrée dans l’imaginaire collectif.
C’est donc le réalisateur Martin Bourboulon (Papa ou Maman, Eiffel) qui se prête à l’exercice relativement périlleux de proposer une énième version. De nombreuses question se posent : Comment surprendre un public parfaitement averti ? En ce temps de difficulté pour les salles obscurs, est-il réellement souhaitable de miser sur ce genre d’histoire ? Le cinéma français est-il capable de proposer du grand spectacle ?
Pour l’occasion, et cela suscite rapidement ma curiosité, le récit s’annonce sous la forme d’un diptyque. C’est chouette, mais comment faire tenir cette histoire sur deux films ? Personnellement, je ne l’ai encore jamais vue sous cette forme, et cela me réjouit.

Un bref résumé
Le jeune et arrogant Charles D’Artagnan de Gascogne prend la route pour Paris afin d’intégrer le corps armé des Mousquetaire, gardes prestigieux au service du Roi Louis XIII.
Dans ce Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, un complot vise à salir la réputation de la reine et à inciter le Roi dans un conflit armé. Une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
Ce que j’en dis :
Voilà un an que paraissaient les premiers visuels dans la presse spécialisée, puis les bande annonces en fin d’année 2022 et dernièrement, de multiples interview, et ça y est! Le film de Martin Bourboulon est enfin sortie en salle. Vous l’aurez compris, mon attente pour cette nouvelle adaptation de l’œuvre d’Alexandre Dumas fut grande.
Et pour cause, en plus de venir titiller ma curiosité sur la manière dont sera comté cette aventure, je suis déjà admiratif des choix esthétiques. Il semble que l’univers prennent forme, entouré d’une aura à mi-chemin entre film de western et de pirates.
Film d’époque ou film historique ?
Avec la sortie du premier film sur d’Artagnan, de nombreux articles et vidéos sont parus sur le thème des Mousquetaires. Il est ainsi très facile d’avoir une approche factuelle de ses hommes du roi. Je ne peux que vous encourager à faire cette démarche de votre côté.
Certains s’interrogent sur le caractère authentique et historique de cette version. En effet, bien que la promotion se soit attardée sur le désir d’ancrer cette fresque héroïque dans un contexte plus fidèle à l’Histoire, elle n’en devient pas pour autant pas une œuvre de qualité documentaire.
S’il s’agit bien d’un film d’époque, il n’est en aucun cas Historique, et s’il est intéressant de se poser la question de l’exactitude des éléments portés à notre regard, je ne m’attends pas nécessairement à une reconstitution absolue d’une période. Il est tout à fait intéressant de noter, par ailleurs, qu’il en est de même pour l’œuvre qui sert de base. Les écrits de Dumas, s’ils s’inscrivent d’une belle manière dans une époque, fournissant un certains nombres de détails historiques, n’en reste pas moins romancée. Même l’œuvre sur laquelle il s’appuis pour puiser inspiration de personnage comme D’Artagnan sont considérés comme apocryphes par les historiens: mêlant légendes à l’Histoire.
A ce sujet, si j’ai pu entendre des avis négatif, il me semble que la promotion n’a pas totalement triché en annonçant un projet novateur pour son réalisme. Cela se ressent, mais peut-être pas comme certains le souhaiteraient.
Je m’explique..
- Le casting
D’après le roman d’Alexandre Dumas, nos trois mousquetaires ont une bonne vingtaine d’années, mais ne dépasse pas la trentaine. Et le novice, mais non moins intrépide D’Artagnan est âgée de 18 ans. De bien jeunes gens en comparaison des bonhommes castés pour le film.
Pio Marmaï (Porthos) à 38 ans, Romain Duris (Aramis) 48 ans, Vincent Cassel (Athos) 56 ans et enfin François Civil (D’artagnan) 33 ans.
Mais en quoi cette approche peut elle apporter une certaine authenticité ? Au-delà de la qualité historique, ces hommes évoque la confiance. De leur maturité physique se dégage l’expérience et la fiabilité dont un Roi cherche à s’entourer pour veiller sur ses arrières. N’est ce pas là le but de ces gardes royaux ?

Globalement, il faut le dire, le casting est plus âgée qu’à l’habitué. De mémoire, le Roi Louis et sa reine n’étaient que des gamins, ce qui avait pour intérêt de souligner l’emprise d’un cardinal machiavélique et fin tacticien, œuvrant dans l’ombre pour son désir de pouvoir.
Ici, le jeux est différent. La reine, interprété par Vicky Krieps, n’est pas une enfant. Elle a de l’astuce et connaît son rôle dans la société. S’il elle n’en devient pas pour autant attachante, son rôle est plus intéressant et digne d’intérêt dans l’intrigue.
Le Roi, interpréter par l’excellent Louis Garelle, se démarque par son jeux d’acteur. A mon sens l’une des meilleurs proposition du film. Les grimaces, les regards, les silences et chaque mots créer un réalisme étonnant. Le Roi n’est pas beau, il n’a pas l’art de s’exprimer à ses sujet, il n’est pas héroïque, mais c’est le Roi, et chacun lui dois le respect.
Petite parenthèse sur le choix de Lyna Khoudri dans le rôle de Constance, que je trouve parfaite. Non seulement elle est très jolie, mais j’ai beaucoup apprécié la justesses de son jeux d’actrice. Je tenais à parler aussi de Marc Barbé à qui le rôle du comte de Tréville, capitaine des Mousquetaires va à la perfection.

- Mise en scène
Dès la première scène, les combats à l’épée sont impressionnants, immersifs, et jamais vus de cette manière. En plus des multiples plans séquences, offrant cette grande immersion, grâce à la caméra à l’épaule, on navigue d’un personnage à un autre. Une sensation d’être au côté des héros, de vivre l’action. De simple observateur, l’on devient observ-acteur.
Cette plongée dans l’action n’offre-t-elle pas un caractère bien plus authentique aux combats ?
J’en profite pour glissée que ceux-ci sont plus violents que ce à quoi on est habitué dans un film de cap et d’épée. Les bruitages et les images sont plus réalistes. Même s’il s’agit de chorégraphies, habituellement, on sent bien que les adversaires se couche après que l’épée ait glissé sur eux. Ici, elles transperces les corps, parfois en plusieurs temps.
La scène de l’attentat aussi, pas sa mise en scène se veut très réaliste. Alors que la musique accompagne la montée en puissance de l’inquiétude, elle disparait pour laisser place au chaos bruitiste d’une foule apeurée. Si affrontement à l’épée il y a, ceux-ci ne sont pas iconisé afin de promouvoir une sensation général. L’angles de la caméra, ceux sur qui elle s’attarde confère donc à cette scène une valeur quasi reporter.
On ne fait pas du spectaculaire pour du spectaculaire, l’image porte un message intéressant, d’une grande intelligence.
- Décors et maquillage
Tant extérieur qu’intérieur, les décors du film sont réelles et magnifiques. Le Chateau de Versailles, Le Louvre, L’hôtel des invalides. Tout ceci confère un cachet d’authenticité.

Les acteurs ont été recouvert de patines pour leur donner ce coté souillé de la tête aux pied. La sensation d’hommes besogneux, toujours dans l’action est directement digéré et admise par notre esprit.
- La musique
C’est Guillaume Roussel qui se charge de sublimer le toux par sa musique. En totale adéquation avec les choix esthétiques, elle s’inspire parfois des sonorités western, et confer souvent une grande puissance aux images. Par moment, cela m’a rappeler la musique de Hans Zimmer pour des films de super-héros comme Batman.
Les Trois Mousquetaires seraient ils les super-héros français?
Quelques fausses notes
- Dialogues
Inspiré d’un langage d’époque – probablement directement emprunté à l’œuvre de Dumas – cela rappel et tente de s’inscrire dans la ligné de film de cape et d’épée comme Cyrano de Bergerac, ou Le Bossu. Malheureusement, si cela fonctionne à l’écrit, l’emplois de certaines tournures ne sonnes pas très juste à l’oral, malgré les efforts des acteurs.
- Du sépia : en vêtu, en voilà !
L’image très marrons donne du caractère, et c’est un parti pris. Cela dit, ils y sont allé un peu fort et c’est dommage parce que cela gâche l’éclat et la beauté de certains costumes, je penses principalement à la scène du bal. Aucune couleurs ne ressort, j’étais assez frustré, surtout que le travail des costumier était remarquable.
Les scènes en extérieurs se vois aussi perdre en luminosité et en chaleur parfois.
- L’intrigue
Même si je connaissait l’intrigue principal, il m’a parfois été difficile de comprendre ce que les personnages avaient en tête. On passe parfois d’une action à une autre sans transition, cela m’a un peu dérouté pour bien suivre l’intrigue.
- Le méchant
Mais où est donc passé le machiavélique Cardinal de Richelieu? Le caractère de ce dernier n’est pour l’instant pas du tout celui qu’on aime détester pour sa duplicité et sa méchanceté.
- La camaraderie et l’humour
Comme n’a eu de cesse de le répéter Pio Marmaï lors de la promotion du film, Les Trois Mousquetaires est une histoire de camaraderie. Et jusqu’à aujourd’hui, ce qui les caractérisent si bien, c’est leur bonhommie, leur humour à l’épreuve des balles. Pourtant, ici, tellement peu d’humour et de complicité entre les différents personnages. L’impact sur le plaisir est assez grand tout de même. Une bonne partie du film, je me suis dit que je ne les trouvais pas si cool que ça, et que je n’avais pas franchement envie d’être leur camarade.
C’est certainement le plus gros problème du film.
Pour conclure
Cette dernière revisite du Classique d’Alexandre Dumas est un beau projet est fait plaisir à voir. J’en veux plus de ce genre.
Le film de Martin Bourboulon n’est pas tant une réadaptions du roman, qu’une relecture des œuvres porté à l’écran depuis près de 100 ans. Très conscient de la relation qu’entretient le public avec ce récit, il s’amuse à prendre le contre-pied pour nous surprendre et nous captiver encore.
Même s’il revêt un caractère et un cachet indéniable dans sa réalisation, quelques manquements lui feront certainement perdre le cœur de certains spectateurs qui connaissent et aimes ses personnages. La suite arrivera sur grands écrans le 13 Décembre 2023, à suivre donc…
Et vous, qu’en avait-vous pensé ? N’hésitez pas à nous en faire part en commentaire
A bientôt pour un nouvel article.
Cinéphilement vôtre.
Charlélie

Vu et déçu .
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Vous avez une version préférée ?
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Juste une petite chose, on ne peut pas laisser un commentaire normalement sur votre page. Je n’ai pu mettre que 2 mots.
De fait ce film est dans le noir ou bien dans la pénombre durant 80% du film. Bougies, ou feux de camps en extérieur. C’est très fatiguant pour le client. Imaginez 90 mn en plissant les yeux.
Je ne peux pas faire autrement de ne donner qu’1 seule étoile sur 5. À bientôt Charlérie.
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Ben oui, presque toutes, et elles sont diffusées ou ont été diffusée la semaine passée.
Un peu comme s’ils voulaient casser celui qui vient de sortir. De plus, je vais te l’avouer, c’était la salle 4 du CGR Vitrolles, une petite salle très inconfortable…
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