On dirait des hommes, de Fabrice Tassel

Il est des livres dont on sait en lisant le résumé qu’ils ne manqueront pas de nous happer. On ne sait pas encore comment mais l’intuition est bien présente.

Puis, à la lecture de la dédicace de Fabrice Tassel, simple, modeste, presque pudique, cette impression se renforce.

Le résumé

La juge d’instruction Dominique Bontet a la réputation de ne jamais clore un dossier avant la fin du délai légal. Les victimes méritent cela : face à leurs vies brisées, elle doit leur accorder jusqu’à la dernière seconde. Le dossier qui est aujourd’hui sur son bureau lui parle de Gabi et de ses parents, Anna et Thomas. De cette soirée où le petit garçon a couru sur la jetée et buté sur un anneau d’amarrage, de sa chute dans des eaux sombres, de son père impuissant face aux vagues. Entre les lignes, elle lit la blessure infinie de la perte, les fissures d’un couple, la culpabilité d’un homme à n’avoir pu sauver sa famille. C’est un drame tragiquement simple : juste un accident. Pourtant, elle n’arrive pas à conclure. Chaque jour des femmes viennent dans son bureau réclamer de l’aide et elle aimerait que pour une fois un père soit un héros. Et puis elle l’a appris, les histoires simples, ça n’existe pas. Alors, elle va tout reprendre.

Dans ce roman noir psychologique, Fabrice Tassel nous invite à nous glisser au-delà des apparences pour découvrir ce qui fait la part de ténèbres de chaque famille, les secrets, les mensonges et les crimes qui ne sont pas toujours ce que l’on croit.

Ce que j’en dis …

Ce roman psychologique se découpe en trois parties de longueurs inégales.

La première qui est aussi la plus longue, qui raconte l’histoire de ce couple sans histoire qui a perdu un garçon de dix ans de façon accidentelle installe un sentiment très indéfinissable, proche d’une forme de mélancolie.

La deuxième partie installe la suspicion. Un suspicion étrange, sans objet défini. Une impression, encore une fois, un mal-être qui frise la paranoïa.

Pendant ce temps se délie ce qui va constituer la trame réelle du roman : une préoccupation liée à la condition que nous impose le genre. Simplement, sans amorcer de remise en question ni l’ombre d’un bouleversement, mais en laissant se dessiner déjà la subtile réalité d’un inconfort. Ou de plusieurs.

L’inconfort de celle qui, dans une société où ce sont des hommes qui ont l’autorité, constate avec impuissance que ses décision prises en conscience au nom de l’autorité dont elle est investie en tant que juge sont immanquablement ramenée, réduite à cette question de genre.

On l’accuse – car il s’agit bien d’une accusation – d’agir en tant que femme lorsque qu’elle agit en tant que juge. Accuse-t-ton ses collègues masculins de juger en tant qu’hommes ?

Puis il y a d’autre part l’inconfort d’être un homme, cette nécessité de connaitre la réussite sous toutes ses formes, professionnelle, sociale, familiale. La nécessité de s’affirmer, d’être fort, d’être courageux, inébranlables.

Puis vient la troisième partie, la plus courte, qui tombe comme un sentence et dévoile le poids du mensonge. Tombent également les masques et la conclusion de toutes choses, cette vérité qui simplifierait tout mais qui semble tellement hors d’atteinte : se montrer tel(le) que l’on est. Avoir des rêves, des envies, des désirs qui soient simplement les nôtres, aussi modestes soient-ils, et pas ceux que forment dans notre coeur le monde manipulateur dans lequel on vit …

On dirait des hommes est un roman terriblement puissant, intelligent et sensible, de ceux qui donnent envie d’arrêter brutalement la course folle de notre existence et d’avoir le courage de tout reprendre à zéro.

On dirait des hommes, de Fabrice Tassel est édité par La Manufacture de livres.
Le livre broché de 288 pages est vendu 19,90€.
Paru le 6 avril 2023.

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