Brouillards, de Victor Guilbert

À en juger à l’illustration de couverture, assez peu évocatrice mais très brumeuse, je ne pouvais pas imaginer à quel point j’allais m’amuser en lisant ce roman d’espionnage cocasse.

Brouillards, de Victor Guilbert

Le résumé

Hugo Boloren a beau avoir quitté la police, il y a des appels auxquels on ne peut rester insensible. En plus, sa formation de zythologue (« c’est comme œnologue mais pour la bière ») l’ennuie un peu : la bière, ça se déguste, ça ne s’analyse pas.

Alors quand un espion français assassiné dans la réserve d’accessoires d’un théâtre de Broadway griffonne « Boloren » avant de pousser son dernier soupir, Hugo ne met pas longtemps à se laisser convaincre par la DGSE de s’envoler pour New York.

À son arrivée , il va découvrir le monde étrange du Edmond Theatre, du directeur exhibitionniste à l’éclairagiste aveugle en passant par Tchekhov, le perroquet alcoolique. Même si sa mission se limite à retrouver l’objet caché par l’excentrique espion avant de mourir, la petite bille qu’Hugo a dans la tête lui souffle de regarder plus loin. Quitte à avancer à tâtons : comme si le brouillard de son enquête et le brouillard de sa vie personnelle ne suffisaient pas, une brume inquiétante recouvre New York.

Au milieu de ces brouillards, la tragédie rôde, prête à frapper Hugo Boloren de plein fouet.

Ce que j’en dis…

Ce polar particulièrement drôle se fait remarquer par son originalité.

En effet, les romans d’espionnage sont généralement sérieux, ce qui ne veut pas dire ennuyeux. Mais dans le présent exercice, Victor Guilbert se situe quelque part en J.R. Ellory et John Kennedy Toole.

La galerie des personnages m’a fait penser au cirque ambulant du Carnaval des Ombres d’Ellory et le vendeur de hot dogs de Brouillards m’a évoqué La conjuration des Imbéciles sans que je me souvienne de tout mais il y avait une histoire de hot dogs…

Dans Brouillards, le lecteur est rapidement embarqué dans une atmosphère très étrange, à la fois amusante et angoissante.

Cette ville de New York noyée dans la brume procure une ambiance un peu surréaliste et la faculté que possède Hugo de résoudre des énigmes et de mener l’enquête grâce à une bille mentale ajoute au surréalisme ambiant.

Pour autant nous sommes dans un vrai récit d’espionnage où la CIA affronte la DGSE et où des sacs à dos remplis d’explosifs arpentent le métro : ça ne rigole pas.

Et pourtant ça rigole : un éclairagiste aveugle, un accessoiriste trisomique et un perroquet alcoolique démontreront aux plus sinistres que, oui, sans doute, on peut rire de tout.

La récit est bourré de bonnes idées et de vaillants traits d’esprit. J’en ai noté un en particulier que je souhaite partager ici :

Le hasard, encore lui. En solitaire déjà, je lui accorde peu de crédibilité. Et le paradoxe, c’est que dès qu’il se répète, ses chances d’exister s’amoindrissent.

C’est le troisième roman de Victor Guilbert qui a déjà reçu le prix du polar Saint-Maur en poche pour Douve et le prix Le Point du polar européen pour Terra nullius.

Une chose est sûre : si Brouillards obtient à son tour un prix littéraire, il ne le devra certainement pas au hasard.

Brouillards, de Victor Guilbert est édité par Hugo Thriller.
Le livre broché de 320 pages est vendu 19,95€.
Paru le 5 avril 2023.

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