Que les choses soient dites d’entrée de jeu, je n’y connais rien aux échecs et pourtant, je trouve ces duels captivants, raison pour laquelle c’est le titre du livre sur la couverture de « La diagonale des reines » qui a accroché mon regard plus que le nom de l’auteur pourtant en surimpression rouge vif… Qu’il me pardonne ! Comme beaucoup de lecteurs, j’associe Bernard Werber à l’ouvrage qui l’a fait connaître à savoir « Les fourmis » et ma sympathie lui est d’emblée acquise car, visiblement, il aime aussi les chats…
Mais revenons à ce qui nous occupe, Bernard Werber nous livre une lecture originale de l’Histoire contemporaine au travers des destins de ses deux redoutables héroïnes, Monica et Nicole.
On oscille entre fascination et horreur face à ces deux personnages féminins que tout oppose hormis une intelligence hors norme révélée dès l’adolescence par la pratique des échecs, à l’origine de leur première confrontation. Leurs talents, si on peut nommer ainsi des comportements machiavéliques à donner des frissons, ne passeront pas inaperçus dans les hautes sphères des services secrets ! Et pour plus de vraisemblance, l’auteur nous place sur l’échiquier géopolitique du monde contemporain où d’aucuns reconnaîtront les grands événements qui ont marqué ces dernières décennies.
Mais est-on vraiment si loin de la réalité ?
Il se trouve que j’ai lu ce roman pendant un séjour à Florence, ville des Médicis qui, eux mêmes, n’avaient rien à envier à ces reines évoquées dans les extraits de son Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, qui illustre son propos tout au long du livre.
Parmi les renvois à ladite Encyclopédie, j’ai bien aimé p185, la métaphore des longues cuillères qui décrit une forme d’altruisme, qualité si peu présente parmi le genre humain et totalement étrangère à nos deux héroïnes pour qui la fin justifie les moyens, aussi destructeurs soient-ils !
Par moment, comment ne pas penser au dernier opus de Stefan Zweig « Le joueur d’échecs », écrit en 1943 loin de sa Vienne natale, peu de temps avant son suicide ?…
Merci aussi à Bernard Werber dont l’érudition nous permet d’enrichir notre vocabulaire. Ainsi, j’ai appris ce qu’était un égrégore, entre autres… En cela, il se rapproche de mon auteur contemporain préféré, en l’occurrence JMG Le Clézio, avec le côté pédagogique en prime puisque, pour ces termes peu usités, il nous gratifie aussi de leur étymologie.
Bref, j’ai lu ce roman presque d’une traite, tant le rythme est haletant et quel dénouement avec cette dernière phrase « Vulnerant omnes ultima necat« , que l’une d’elles va prononcer…mais pas à la loyale !
Petit clin d’œil à l’auteur pour ses choix musicaux car nous sommes de la même génération. Et mention spéciale pour Kate Bush, esprit libre à la forte personnalité que je classerais volontiers parmi les polymathes. Elle qui a su mener sa carrière loin des diktats du show business et dont le duo avec Peter Gabriel dans la version longue de « Don’t give up » m’émeut encore aujourd’hui…

Merci pour cet excellent article 👍🏼
Mon préféré !
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Très bon article qui sait manoeuvrer jusqu’à la pop culture ! Je ne te savais pas fan de Werber, Miss AlsaceDoller ;).
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