Ma Tempête, de Éric Pessan

Après La Tempête de William Shakespeare et Une Tempête de Aimé Césaire, arrive Ma Tempête, de Éric Pessan, tout droit sortie des Forges de Vulcain et mise en avant sur NetGalley.

Le résumé

La beauté sauvera peut-être le monde, mais elle ne paye pas les factures.

C’est l’histoire d’un homme, metteur en scène de théâtre, qui apprend un matin que sa future mise en scène de la « Tempête » de Shakespeare ne se fera pas. Sa femme, qui l’a toujours soutenu, lui explique qu’ils vont devoir, le soir, discuter argent, car il ne rapporte plus rien à la maison depuis longtemps. Et elle lui indique qu’il doit garder leur fille car la crèche est en grève. L’action va se dérouler sur une journée, dans un seul lieu, l’appartement. Et l’homme va se mettre à jouer avec sa fille, et va lui jouer sa mise en scène de la « Tempête ».

A quoi servent les artistes ? A quoi sert l’art ? A quoi servent ceux qui ne font pas des métiers sérieux ? Que laissent-ils à leurs enfants, à nous, aux autres, au monde ?

Ce que j’en dis …

J’avoue que la météo s’est mise de la partie pour me faire aimer ce livre : c’est la première fois qu’en plein mois de juillet je reçois un message du gouvernement français qui me conseille de rester chez moi à cause de ce qui risque de m’arriver si je sors.

La première fois si j’oublie la période Covid …

N’empêche, bien que je ne sois pas féru de théâtre classique, et assez ignorant du théâtre en général, j’ai bien apprécié Ma Tempête pour plusieurs raisons.

D’abord parce qu’il a pour trame de fond une relation père-fille et qu’en qualité de père de deux filles et de trois petites-filles (pour l’instant), cela ne m’a pas laissé insensible. Je précise pour les petites-filles parce qu’en l’occurrence, la fille de David, le personnage principal, est à peine âgée de trois ans pour autant que je m’en souvienne (je ne prends jamais de notes).

Il apparait donc relativement évident qu’en racontant sa version de la pièce de Shakespeare à l’enfant il évite un long monologue qui serait douloureux et symptomatique d’un état psychique délétère.

J’ai lu ici et là des critiques (déjà !) qui soulignaient l’aspect geignard du personnage (et certainement de l’auteur par voie de conséquence).

Je ne partage pas cette opinion. Certes, David s’épanche sur la difficulté pour le théâtre de pouvoir simplement exister de façon pérenne dans un système commercial avide, il dit les lendemains hésitants des intermittents du spectacle, la mainmise des pouvoirs politiques et financiers sur le monde de la culture mais n’a-t-il pas raison de souligner ces problématiques ?

Je pense qu’au contraire l’époque le réclame à grands cris, trop peu audibles, trop peu relayés, souvent incompris (la preuve). Ce ne sont pas les médias classiques, pas les chaînes d’information continue en tout cas, qui tireront la sonnette d’alarme à propos du manque de soutien envers les artistes.

Si l’on veut prendre conscience que les gouvernements utilisent les budgets (les impôts ?) pour financer la guerre et les grandes entreprises déjà richissimes plutôt que pour préserver ce qui fait notre humanité, l’art, la littérature, la culture enfin, il vaut mieux éteindre sa télévision et lire Ma Tempête en attendant que le beau temps se lève et qu’on puisse aller au théâtre (ou au cinéma, voir Yannick, de Quentin Dupieux, qui sort bientôt).

En plus laisser un téléviseur allumé pendant une tempête c’est dangereux. Il vaut mieux le débrancher.

Et lorsque l’orage est passé, prendre plaisir à laisser la fiche sur le sol, inutile, au pied du mur.

Ma Tempête, de Éric Pessan est édité par Aux Forges de Vulcain.
Le livre broché de 160 pages est vendu 18€.
Date de parution prévue : 25 août 2023.

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