Les Oiseaux d’Argyl, de Christian Léourier

Je ne tarirai sans doute jamais d’éloges au sujet des éditions Argyll qui publication après publication ne cessent de ravir mon coeur de joie.

En tout cas, ce n’est pas Les Oiseaux d’Argyl qui va me faire changer de cap !

Il ne sort qu’en février mais je ne peux pas m’empêcher de vous en parler déjà.

Et c’est sans doute aussi bien, vous avez le temps de mettre votre petit billet à l’abri pour être certain(e) de ne pas le manquer.

Le résumé

Mesdames, messieurs, bienvenue dans les univers de Christian Léourier. En roulotte ou en astronef, embarquez pour une excursion inoubliable, d’Argyl à New York, de Mexos à Elstramadur, de la Terre au fin fond des étoiles.

Imaginez quels secrets dissimule cette étrange roulotte de foire dotée d’un réacteur à uranium, que couvent jalousement l’extravagant Petit-Pulcher et sa mystérieuse « tête à penser ». Plus loin, bien plus loin, dans un curieux monastère, vous risquerez-vous à percer la carapace du vieillard que l’on nomme le Bienheureux Cynewulf, le découvreur de planètes ?

Une fois rendu au carrefour des étoiles, bifurquez et croisez donc le chemin de ce couple destiné à vivre ensemble… mais que deux siècles séparent. Éprouvez ensuite l’ambiance d’un Paris liquéfié sous une interminable canicule qui parasite jusqu’aux radios.

La fin du voyage serait-elle proche ? Pour en être sûr, visitez Argyl, cette planète hostile et déserte où un homme a fait naufrage… Déserte, vraiment ? C’est que vous n’avez pas encore rencontré les malicieux oiseaux qui la peuplent !

Mesdames, messieurs, avancez et pensez à composter votre billet. Christian Léourier s’occupe du reste : vous offrir un voyage aussi merveilleux que stimulant !

Ce que j’en dis…

Je le confesse souvent et volontiers : je suis un ignorant, un intellectuel raté dont l’égo peine à émerger sous une montagne de lacunes en tout genre. Ne venez pas me parler du syndrome de l’imposteur. Je suis simplement lucide.

La preuve : c’est la première fois que je lis Christian Léourier ! Si cela ne relève pas d’un manque de références dans le domaine de la science-fiction, je ne sais pas ce que c’est ! Sinon peut-être la preuve que les diverses occupations qui occupent notre temps et notre espace nous empêchent parfois de profiter de bonnes choses autant qu’une vie parfaite nous le permettrait…

Bref, trêve de nostalgie, après tout ma situation n’est pas si désespérée que cela puisque je viens précisément de lire Les Oiseaux d’Argyl.

Ce beau livre qui porte la signature graphique de Xavier Collette sur son envoutante couverture, est un recueil de presque trente nouvelles parues (ou pas) entre 1972 et 2021, soit un demi-siècle d’écriture et d’imagination fertile mises au service d’un véritable talent de conteur.

Il y en a plusieurs qui m’ont ébaubi :

  • Fils de pube (1975)
  • La peau bleue (1985)
  • Les hôtes (2016)
  • Celui qui parle aux morts (2018)
  • etc.

Les premières nouvelles qui ont donc été écrites alors que l’auteur n’avait pas encore trente ans portent la marque d’une clairvoyance cynique. Un regard impitoyable sur un système sociétal encore plus dépourvu de pitié que la vision de l’auteur. Ainsi, fils de pube, écrite il y a bientôt 50 ans, dénonce la façon dont la publicité investit la moindre de nos parcelles d’existence, nous privant de liberté sans plus même faire semblant de s’en cacher alors que nous en sommes les témoins muets, consternés mais consentants. Vous avez dit visionnaire ?

La peau bleue est la plus courte nouvelle du recueil, presque un poème, une ode au regard porté sur celui qui est différent sans prendre compte de cette différence, ou presque. Cette nouvelle est celle qui m’a le plus ému, sa puissance évocatrice m’a laissé sans voix et les larmes aux yeux.

Les hôtes a été celui qui a le plus fait fonctionner mon imagination, me permettant de créer un univers visuel, des paysages, des mouvements, des espaces. Une merveille.

Celui qui parle aux morts, enfin, que j’aurais presque évité en raison de son titre, m’a pleinement satisfait intellectuellement tant je suis tombé en harmonie avec la pensée de cet écrit sur les notions liées à la transmission, à la vérité et à la superstition et à la difficulté de jongler avec ces trois sphères d’incommensurable énergie.

J’ai eu le sentiment, mais peut-être n’est-il en rien doté d’objectivité, que l’écriture de Christian Léourier gagnait en luminosité dans le temps. La fougue de la jeunesse, un certain désir de dénoncer le poussèrent sans doute à écrire des nouvelles cinglantes, dérangeantes et accusatrices dans ses plus jeunes années. C’est très appréciable et l’ambiance est assez sombre.

La fin de l’ouvrage offre des nouvelles qui m’ont paru plus empreintes de subtilité et de pédagogie, la marque d’un auteur qui a appris à connaître son public et à lui faire confiance.

Je n’ai abordé que quatre nouvelles sur la trentaine, je pourrais en évoquer de nombreuses autres tant elles me restent présentes à l’esprit (Le dernier métro, Le syndrome de Fajoles, Une faute de goût …) mais je préfère vous laisser les découvrir.

Les Oiseaux d’Argyl, de Christian Léourier est édité par Argyll.
Le livre broché de 350 pages est vendu 24,90€.
Date de parution prévue : le 2 février 2024.

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