Au risque de paraître un peu condescendant, j’avoue que j’ai toujours posé un regard amusé sur les théories complotistes. Abonné au compte Complots faciles pour briller en société sur FB, j’envisageais le conspirationnisme comme une grosse farce.
Mais Sébastien Le Jean a fait passer mon envie de rire avec Numéro 17.

Le résumé
Le jour de Noël, à Paris, un jeune homme est retrouvé mort après une chute du sixième étage de son immeuble. Pour les policiers du secteur, c’est un accident, au pire un suicide. Pour Ronan Sénéchal, commandant à la brigade criminelle, c’est un cadeau du destin. Depuis le fiasco de sa précédente enquête, il n’est plus que l’ombre de lui-même. S’il parvenait à prouver qu’il s’agit d’un assassinat et à démasquer le tueur, il pourrait retrouver l’estime de sa hiérarchie et de ses collègues. L’enquête officieuse qu’il entame en solo prend rapidement une tournure inquiétante : l’étudiant assassiné s’intéressait de près à un groupe complotiste, L’Hydre. Sénéchal plonge alors dans le monde cauchemardesque des théories conspirationnistes, des fausses nouvelles et des vidéos ultra-violentes pour identifier le maître à penser du réseau, l’insaisissable Numéro 17.
Ce que j’en dis…
La sobriété de l’illustration de couverture ne me permettait pas d’imaginer la qualité du livre que je m’apprêtais à lire.
Comme je le précise en introduction, le complotisme ne m’intéresse guère et hormis le roman d’Antoine Bello, Les Falsificateurs (Gallimard, 2007), je ne souviens pas avoir été sérieusement enthousiasmé par quelque lecture en lien avec ce thème. En réalité, j’abordai Numéro 17 en m’attendant à un roman plus axé sur le Dark Web classique. (Si j’ose dire.)
Autant avouer que j’ai été fraichement cueilli par Sébastien Le Jean avec ce roman policier dont l’enquête se déroule dans le milieu conspirationniste.
Un polar conforme à l’idée qu’on s’en fait : on découvre un cadavre au début puis on enquête pour comprendre ce qui s’est passé. Très classique en somme.
Et pourtant, rapidement s’installe le sentiment que je n’ai jamais rien lu de pareil.
Ce bouquin donne à réfléchir sur tous les aspects du complotisme mieux que ne saurait le faire un réquisitoire, et c’est là une des forces de la littérature, sa capacité à interroger la conscience du lecteur.
Parce que le complotisme ce n’est pas seulement une table autour de laquelle discutent trois types dans un bistrot qui pensent que la terre est plate. Ce ne sont pas non plus uniquement des forums sur Internet alimentés par des arriérés qui pensent que la Covid-19 vient des antenne 5G. C’est aussi le courant révisionniste qui aime à penser que la Shoah est une légende, et autant de personnes plus ou moins influentes qui rêvent puissamment à un contrôle de masse des esprits.
Certes, Numéro 17 est une œuvre de fiction mais l’obscurantisme moderne est une réalité.
Ce roman est donc une moment de plaisir assorti d’une mise en garde silencieuse : tout n’est pas net sur Internet…
Pour ma part c’est également une double découverte, un auteur et une maison d’édition, aussi talentueux l’un que l’autre. J’y reviendrai certainement.
L’auteur

Sébastien Le Jean vit et travaille à Paris. Amateur de littérature noire et policière depuis sa jeunesse, il est l’auteur d’un premier polar sur le survivalisme, Le Grand Effondrement. Avec Numéro 17, il plonge dans le Dark Web sur la trace des fabricants de complots.
Numéro 17, de Sébastien Le Jean, est publié par les Éditions Liana Levi.
Le livre broché de 288 pages est vendu 20 €.
Paru le 4 avril 2024.
(Comme par hasard…)

[…] y a quelques mois, je découvrais avec plaisir les éditions Liana Levi avec Numéro 17, de Sébastien Le Jean, un roman qui m’avait particulièrement […]
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