Depuis Le vol de cigognes (Albin Michel, 1994, Le Livre de Poche, 1998), j’aime lire Jean-Christophe Grangé. J’ai décroché lorsqu’il a pris un tournant orienté vers la sorcellerie parce que ce n’est pas du tout ma tasse de thé.

Voir la magnifique illustration de Sans Soleil Disco Inferno dans le catalogue NetGalley m’a vraiment donné envie de revenir à celui que j’ai longtemps considéré comme mon auteur français préféré.

Le résumé

Années 1980 : sur les dancefloors parisiens, c’est la mort qui mène la danse. Embarquez avec Jean-Christophe Grangé pour une quête hallucinée sur les traces du mal…
Mon premier est un médecin, mon deuxième un flic, mon troisième une lycéenne, mon tout un assassin qui aime dépecer ses victimes à la machette. Vous ne voyez pas ? Commencez par danser, et nous verrons où l’enquête vous mènera. En cet été 1982, moins il y aura de soleil, plus il y aura de sang…

Ce que j’en dis…

Cette lecture a des allures de retrouvailles très joyeuses après des années de séparation d’avec l’auteur.

J’ai retrouvé son style caractéristique, puissamment évocateur, par ailleurs magnifiquement mis en valeur par la lecture de Benjamin Jungers qui, ne se contentant pas de lire, se livre à une véritable interprétation des personnages. Il apporte quelque chose de réellement cinématographique à ce roman, on a l’impression d’écouter les dialogues d’un film, voire même une audiodescription (en tout cas c’est l’idée que je m’en fais).

Le livre en lui-même est terriblement addictif, possédant les qualités d’un roman à la fois policier et historique. L’action se situe dans les années 80, dans le milieu gay parisien où le SIDA commence à émerger. Mine de rien c’était déjà presque 50 ans en arrière d’où la valeur historique mise en avant. On est même parfois proche de l’ethnologie tant les détails partagés sont sourcés et intéressants.

Je me souviens qu’à cette époque ma propre maman travaillait en qualité d’aide-soignante à l’hôpital Claude Bernard où avait été créé un service spécialement consacré à l’accueil des sidéens. Je me rappelle ces pauvres malades extraordinairement amaigris par la maladie. Je me souviens de Vincente qui était un peu mon oncle, comme il était beau, joyeux, gay, toujours à chanter un morceau de variété française qui collait impeccablement à l’instant que nous partagions, cela avait quelque chose de génial. Le SIDA l’a emporté comme tant d’autres.

Jean-Christophe Grangé restitue merveilleusement cette période et l’ambiance des lieux emblématiques de la nuit parisienne, les Bains-Douches, le Palace et d’autres endroits où je n’ai pas mis les pieds.

J’ai aussi apprécié qu’il n’y ait pas de jugement sur l’homosexualité. Il décrit le mode de vie des homos parisiens de l’époque, leurs pratiques aussi, parfois extrêmes, avec une certaine forme de réalisme cru (âmes sensibles, attention) mais ne condamne ni ne promeut ceci ou cela.

Le milieu est vraiment bien documenté et l’immersion est totale. Chacun des personnages, même parmi les moins importants, possède une épaisseur et une intensité parfois transmises en seulement quelques mots. C’est talentueux.

Arrivé à la fin du premier tome je regrette immédiatement de n’avoir pas le second à portée de la main.

Alors, évidemment, le sujet et l’atmosphère de ce roman sont particulièrement clivants et les retours ne seront pas tous aussi positifs que le mien, mais pour quelqu’un comme moi qui ne suis absolument ni homosexuel ni homophobe c’est un cadre comme un autre, particulièrement bien documenté.

Ainsi, malgré le temps qui passe je continue à aimer énormément l’écriture de Jean-Christophe Grangé et le second tome de Sans Soleil ne m’échappera pas !

Sans Soleil tome 1 Disco Inferno, de Jean-Christophe Grangé est publié par Audiolib.
Le livre audio dure 12h et coûte 23,95€.
Paru le 15 janvier 2025.