Dernier avis avant démolition, de Fabien Maréchal

Il y a des auteurs avec qui on tombe d’accord dès les premières lignes. Ils ne sont pas forcément populaires et on pourrait avoir la drôle d’impression qu’ils n’ont écrit que pour nous, personnellement.

C’est un peu ce que je ressens à la lecture des livres de Fabien Maréchal. Cette impression est encore plus forte avec Dernier avis avant démolition, sans doute du fait de son format atypique.

Le résumé

Un vieil ouvrier retranché dans son immeuble promis à la destruction, un syndicaliste qui s’obstine à organiser une grève vouée à l’échec, ou un étrange photographe coureur des bois : pour ces personnages, le sens qu’ils donnent à leur vie prime sur toute autre considération…

Qu’ils embrassent les luttes sociales, des idéaux politiques ou la quête extatique d’une réalité cachée dans la nature, les voilà aux prises avec un monde extérieur peu enclin à se plier à leurs aspirations profondes. Ils sont tous des combattants chancelants qu’une flamme maintient en éveil.

Fabien Maréchal nous livre un recueil empreint d’humanité et d’humour qui échappe toujours au cynisme.

Ce que j’en dis…

Dans ce petit recueil de seulement cinq nouvelles, Fabien Maréchal traite de ce sujet qui lui tient à cœur et qui est le cœur de son travail (oui, il y a une répétition, elle est voulue, assumée, légitime) : comment un individu seul peut agir en vue de construire un monde meilleur.

Utopie, rêve ou poésie ? Ou bien est-ce peut-être une réelle motivation pour continuer d’avancer dans un monde qui ne donne plus envie ? Les personnages de Fabien Maréchal ne baissent pas les bras, ils sont aussi dignes que sont nobles leurs aspirations et tant pis s’ils sont les seuls à en avoir pris la mesure.

L’auteur joue à créer cette complicité entre lui, le lecteur et ses personnages. Il donne cette superbe illusion d’un triangle non pas amoureux mais amical, il offre une connivence qui ranime nos idéaux.

Seulement trois nouvelles sont abordées dans le résumé. Ce sont effectivement les plus abordables. Les deux autres sont moins politiquement correctes, pas moins importantes.

La première et la dernière mettent sur le devant de la scène des syndicalistes. Tous deux sont désillusionnés mais continuent à lutter. Doit-on y voir une nostalgie du combat syndical ou une prise de conscience de sa futilité ?

Alors que le monde semble plus que jamais voué à sa démolition, Fabien Maréchal donne à penser que ce n’est pas une raison pour baisser les bras, que l’important c’est de s’engager, que l’engagement suffit à donner du sens.

On peut tomber d’accord ou pas, mais cette vision des choses lui permet de façonner des personnages à la fois discrets et audacieux, les invisibles héros de leur unique destinée qui sauront s’éteindre en souriant.

L’auteur

Fabien Maréchal est journaliste et a collaboré au magazine National Geographic France. Il travaille actuellement au CNRS. Dernier avis avant démolition est le deuxième recueil de l’auteur après Nouvelles à ne pas y croire, publié en 2012 aux éditions Dialogues.

Dernier avis avant démolition, de Fabien Maréchal est publié aux éditions Antidata.
Le livre broché de 123 pages est vendu 10€.
Paru le 15 mars 2016.

2 commentaires

Répondre à Christophe Gelé Annuler la réponse.