Nous étions là, d’Artur Dron

Si je vous parle de l’Ukraine, vous allez immédiatement penser à la guerre. Je suis pareil. Le drame du conflit prend toute la place dans notre esprit et ce pays semble se résumer depuis quelques années à un pays en guerre et rien d’autre.

Pourtant il y demeure encore de la poésie. Et elle se trouve là où on ne l’attend pas : précisément sur le front. Oui, il y a la guerre, mais elle n’empêche pas la poésie d’exister encore.

Artur Dron, poète et soldat en témoigne dans Nous étions là, aux éditions Bleu & Jaune.

Le résumé

Tandis que les bombes pleuvent, que les soldats enterrent chaque jour de nouveaux camarades, que plus rien ne semble sacré si ce n’est les engins de mort…, à quoi bon la poésie ? C’est la question que soulève – et résout – chaque poème de ce recueil écrit au front, mais qui ne parle pas – directement – de la guerre.

Ces mots, glissés dans les interstices de la canonnade, témoignent de la dignité de ceux qui, dans leurs pires moments de déréliction, aiment davantage qu’ils n’ont peur. De ceux qui étaient là, en Ukraine, et qui ne partiront nulle part ailleurs.

Salué par le PEN Club ukrainien comme l’un des meilleurs livres de 2023, Nous étions là révèle une voix puissante et singulière : celle d’un poète, devenu soldat à tout juste 22 ans.

Ce que j’en dis…

Même si je lis beaucoup de romans, je n’en délaisse pas pour autant la poésie, discipline littéraire que je goûte volontiers et dont j’apprécie la puissance évocatrice du verbe. Artur Dron est remarquable sous ce rapport, terriblement touchant dans sa proposition poétique comme en témoigne ce poème qui parmi tous ceux du recueil me sera allé au cœur de la façon la plus directe : Romko

« Il était le seul à avoir le droit de s’approcher du barbecue dans la cour.
« Romko, fais mariner les brochettes. »
« Romko, allume le feu, nous on prépare la salade. »
C’est toujours ainsi que cela se passait quand nous revenions du champ de bataille.
Ce soir-là, notre chef de peloton
nettoyait son sac à dos en répétant :
« Tout est couvert du sang de Romko. Tout est couvert de son sang. »
Nous nous sommes assis à table
et nous avons mangé une salade de radis
avec de la viande cuite
à la poêle. »

Je trouve ce poème, et bien d’autres dans ce recueil, bouleversant. De plus, l’édition française, dont la traduction est signée Nikol Dziub, propose comme la version originale ukrainienne des reproductions de fragments de manuscrits et de dessins d’enfants à destination des soldats dont les termes, dans leur simplicité, sont terriblement touchants. Ainsi ce « Salut, papa chéri » qui m’a ému aux larmes.

Artur Dron, jeune auteur de 25 ans maintenant est parti sur le front russe dès l’âge de 22 ans et c’est son quotidien de soldat, et celui de ses camarades, qu’il livre avec beaucoup de franchise et de pudeur à la fois dans ce recueil dont il a choisi de reverser 100% des bénéfices à la fondation Voix d’enfants qui aide les enfants victimes de la guerre.

L’auteur

Artur Dron est né en 2000. Il s’est porté volontaire dès le début de l’invasion russe en 2022 et sert depuis dans la 125ème brigade de défense territoriale des forces armées ukrainiennes.

Déployé dans les régions de Donetsk puis de Kharkiv, il écrit ses poèmes au front.

Plusieurs de ses textes sont traduits à travers le monde.

Nous étions là, d’Artur Dron est publié par Les Éditions Bleu et Jaune.
Le livre broché de 100 pages est vendu 16,90€.
Paru le 7 octobre 2025.

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