Terra nullius, de Victor Guilbert

Lors du dernier Festival sans Nom qui s’est tenu à Mulhouse cet automne, je constatai la présence de Victor Guilbert parmi les auteurs invités à l’évènement. Comme j’avais énormément apprécié Brouillards (Hugo Thriller, 2023), je lui demandai s’il existait une suite. Non, pas de suite, mais un ouvrage précédent, Terra nullius.

Le résumé

Hugo Boloren a perdu la bille. Celle qui l’accompagne dans ses enquêtes et qui fait « ding » pour le mettre sur la bonne piste. Neurasthénique, il erre dans le commissariat, au grand dam de Lulu la stagiaire. Il est temps de changer d’air.

Justement, alors qu’il s’apprête à emmener sa mère à un rendez-vous médical chez un spécialiste lillois, Hugo apprend qu’un garçon de dix ans s’est fait agresser dans une immense décharge publique à la frontière franco-belge jouxtant la Terra nullius, un camp de laissés-pour-compte. Son instinct lui dicte d’aller jeter un œil à ce territoire sans maître, mais il est loin de se douter que l’attend là-bas l’affaire criminelle la plus sordide de sa carrière.

Ce que j’en dis…

Encore une trilogie que je lis à l’envers. Alors que dans Brouillards Hugo Boloren avait quitté la police pour se reconvertir dans la zythologie, dans Terra nullius il est encore dans les forces de l’ordre mais lui-même connaît un certain désordre mental. Il doit placer sa maman atteinte de la maladie d’Alzheimer, son moral n’est pas au beau fixe. En plus, la banlieue lilloise, ce n’est pas l’endroit rêvé pour se remettre au vert.

Mais c’est sans compter sur le génie de Victor Guilbert qui consiste à brouiller les pistes et les idées reçues en terme de géographie. Ainsi dans Brouillards, il accablait New-York d’un smog typiquement londonien et ici, c’est une favela écrasée par la canicule qu’il situe dans le Nord de la France. Et ça fonctionne parfaitement.

Entre le slum et la décharge vit une humanité en perdition, hétéroclite, n’ayant en commun que la souffrance due à une pauvreté trop grande pour pouvoir être mesurée. Le meurtre de deux jeunes enfants met la population locale en émoi, la police sur les dents et Hugo sur la piste.

Des personnages loufoques, ce qui est manifestement sa marque de fabrique, des traits d’esprit tirés à bout portant, une intrigue chiadée, et un final à la Hercule Poirot où Boloren démêle les fils de l’histoire en secouant le lecteur dans tous les sens, comme à la foire.

Je me suis régalé de Terra nullius autant que de Brouillards. J’achèverai donc encore une fois cette trilogie par son commencement avec Douve.

L’auteur

Victor Guilbert est un auteur de théâtre, romancier et novelliste.

Il a fait des études au Cours Florent. Diplômé de lettres modernes à la Sorbonne, il a obtenu un Master 2 en linguistique.

C’est grâce au théâtre qu’il fait ses premiers pas dans le monde de l’écriture en proposant des pièces qui seront jouées dans toute la France et jusqu’à Shanghai.

Il se lance par la suite dans la rédaction de textes de chansons, sketchs, nouvelles, dont certaines primées, et rédige des articles pour divers blogs.

Après avoir vécu plusieurs années à Shanghai, où il a dirigé la Troupe de Théâtre Francophone de Shanghai, il habite désormais à New York.

En 2017 sort son premier roman, « L’histoire fabuleuse du Français insouciant devenu Chinois insurgé », aux éditions Hikari. « Douve » (2021), son premier roman policier, a reçu le prix du meilleur polar 2022 au salon Saint-Maur en poche.

Victor Guilbert remporte le Prix « Le Point » du Polar européen 2022 pour son roman « Terra Nullius » (2022, Hugo Thriller).

Terra nullius, de Victor Guilbert est publié par J’ai Lu.
Le livre de poche de 350 pages est vendu 8,50€.
Paru le 8 mars 2023.

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